Oncle Charles s'est enfermé
de Georges Simenon

critiqué par Catinus, le 4 novembre 2012
(Liège - 73 ans)


La note:  étoiles
Charles, Henri, Laurence et les autres
Quelle mouche a piqué Charles Dupeux à s’enfermer dans sa chambre en revenant, un soir, de son boulot ? Il travaille comme comptable chez son beau-frère Henri Dionnet. L’occasion est trop belle : Simenon saisit l’opportunité pour nous décrire la, les familles.

Laurence, l’épouse de Charles, heureusement qu’elle est là pour maintenir une certaine cohérence. Les quatre filles, Camille, 20 ans frileuse, travaille dans une maison de corsets ; Lulu, 16 ans, vendeuse dans un magasin de chaussures, fréquente Georges ; Mauricette, la mieux habillée, couche avec son patron ; Marie l’aînée qui a quitté la famille il y a bien longtemps, elle est « professionnelle « à ce qu’on dit …

Céline, la sœur de Laurence ; Elise, dépressive, picole, elle est la sœur de Laurence et épouse de Dionnet ; Paul, le frère de Laurence, en mauvaise santé ; un autre frère Arthur, artiste et plus ou moins marginal, vit dans un petit logement ; Sylvie, maîtresse de Henri Dionnet.

Charles sait « des choses « sur Henri ; des « choses « qu’il conviendrait ne pas révéler …
Charles finira par sortir de sa chambre. « Mais sa vraie vie, c’était au bureau, dans sa cage, où il continuait à attendre Henri et où il ne disait rien, où il s’obstinait à ne rien dire, pour faire crever son beau-frère de peur, à petit feu. »
Pas d’enquête policière ici mais bien un roman comme nous les apprécions tant chez Simenon et que l’on peut qualifier de sociologique, de psychologique.

Très agréable à lire mais il faut toutefois être attentif à bien savoir situer qui est qui. En espérant que la présentation des personnages vous sera utile.
A recommander !

Extraits :

- Il n’avait jamais eu plus de couleur qu’un bloc de pierre et on avait peine à se souvenir du temps où sa barbiche était noire, et non de ce gris froid. Il mourrait sans changer de teint ni d’expression, avec les mêmes plis au front, les mêmes points noirs sur le nez et ces sourcils touffus, presque aussi gros que des moustaches.

- Est-ce que, dans la maison, on s’occupait les uns des autres ? Chacun tirait à hue et à dia, oui ! Et on n’avait qu’une préoccupation : s’en aller aussitôt après avoir mangé.

- Laurence disait de son mari : « - Il est timide comme un lapin ! «

- Elle proclamait volontiers : « L’oncle Charles me fait penser à un escargot ! «
Le dessous des cartes . 8 étoiles

J’avais craint que ce roman qui commence tout doucement au début comme je (lait cru) s’égare sur une voie sans issue, voire une impasse, mais c’était sans compter sur le génie de Georges, qui réservait à son Charles enfermé au grenier, d’avoir comme une araignée au plafond.
Un très bon roman, original et bien ficelé.

Pierrot - Villeurbanne - 73 ans - 17 octobre 2020