Métamorphoses
de François Vallejo

critiqué par Ori, le 2 novembre 2012
(Kraainem - 88 ans)


La note:  étoiles
Préoccupante conversion à l’islam, ou plutôt à l’islamisme
Ce roman est éminemment d’actualité puisqu’il nous présente la conversion à l’islam d’un jeune français fougueux, en mal d’idéal et d’action.

Et c’est ainsi qu’Alban Joseph se métamorphose en Abdelkrim Yousef sous le regard éberlué de sa demi-sœur, Alix Thézé, la narratrice, témoin de cette évolution tout à fait cataclysmique pour la famille.

Alix tentera de pister son frère au travers de ses voyages en Afrique puis en Asie, s’efforçant de le dissuader dans son entreprise de contacts avec des islamistes radicaux et de la possibilité d’un passage à l’acte criminel.

Outre le tandem sœur-frère, d’autres personnages, bien typés, interviendront dans cet intéressant roman mené tambour battant, qu’il s’agisse des parents, aimants mais peu présents, des ‘nouveaux amis’ d’Alban, peu diserts, ou des collègues d’Alix, restauratrice de fresques murales antiques, sans compter l’un ou l’autre homme de l’ombre jetant ses filets pour le compte de services secrets.

C’est toujours avec beaucoup de plaisir que je retrouve la verve de François Vallejo : il excelle à insuffler à ses récits un indéniable dynamisme. Tout en demeurant sobre et succinct, l’auteur nous offre de fines analyses psychologiques et des dialogues savoureux qu’il parvient à fondre dans une écriture à la fois éclairante et ramassée.

Encore un grand roman après ‘Le voyage des grands hommes’, ‘Ouest’, ou ‘Les sœurs Brelan’.
D’un extrême à l’autre… 6 étoiles

Si j’ai beaucoup apprécié «Ouest» et «Groom», tant l’écriture de François Vallejo brille par sa fluidité et son élégance, j’ai en revanche été déçue par le présent ouvrage que je trouve assez dérangeant, tant par le fond que par la forme.

A l’instar de son héroïne dont le dialogue intérieur frise par instants la paranoïa, l’auteur pointe du doigt, certes avec les meilleures intentions du monde, les dérives de notre société consumériste et matérialiste, à travers ce pseudo-thriller psychologique.

Toutefois, de même que les soliloques d’Alix desservent parfois plus son demi-frère qu’elles ne le sauvent, de même le portrait un peu trop caricatural, à mon sens, de la dérive islamiste perd-il largement ici de sa crédibilité et donc de sa portée.

Par ailleurs, les ficelles utilisées pour mener cette fiction à son épilogue, plus ou moins prévisible, sont, elles aussi, à mon avis, un peu grosses. Il est difficile d’en dire plus à ce sujet, sous peine de déflorer totalement l’intrigue, ce qui serait regrettable, l’ouvrage se lisant tout de même avec plaisir.

Quant au message universel ici délivré sur l’inconstance humaine et les brusques revirements auxquels on peut assister aujourd’hui, tant, comme ici, dans le domaine religieux que sociétal ou technologique, il reste, pour sa part, assez convaincant.

Isis - Chaville - 79 ans - 4 janvier 2013