La faille souterraine et autres enquêtes
de Henning Mankell

critiqué par Marvic, le 1 novembre 2012
(Normandie - 66 ans)


La note:  étoiles
Les débuts de Wallander
Cinq nouvelles enquêtes nous permettent de suivre les débuts du célèbre Wallander, avant même qu'il n'intègre la brigade criminelle.
« Le coup de couteau »
C'est en tant que gardien de la paix qu'il va être confronté à son premier meurtre, celui de son voisin de palier. Voulant impressionner son éventuel futur chef et par curiosité personnelle, il ne va pas croire au suicide et va enquêter seul. Nous sommes en 1969, il est jeune et commence à fréquenter une certaine Mona, jeune coiffeuse au caractère bien affirmé et qui supporte mal d'avoir un fiancé souvent indisponible pour cause de travail. Mais son obstination et son pouvoir de déduction impressionneront le chef de la Criminelle qui ne tardera pas à apprécier le jeune policier.

La deuxième enquête, «La faille », se déroule en 1975. Wallander est marié avec Mona et papa d'une petite Linda. Mais sa curiosité va faire qu'il va se retrouver prisonnier dans un supermarché le soir de Noël. Heureusement que Mona s'inquiète encore de ses retards, ce qui permettra à sa prise en otage d'être de courte durée.

« L'homme sur la plage » nous emmène en 1987. Linda est adolescente et part en vacances deux semaines aux Canaries avec sa mère, laissant Wallander enquêter sur la mort d'un homme dans un taxi. Malgré l'absence presque totale d'indices, l'entêtement de l'inspecteur permettra d'élucider ce mystère.

Un an plus tard, c'est la mystérieuse « Mort du photographe » qui lui posera problème. Comment cet insignifiant et banal photographe de famille a-t-il pu être la victime d'un assassinat?

La même année, a lieu le mystère de la « Pyramide ». Alors que son original de père décide d'aller visiter l'Égypte, Wallander est confronté à l'énigme de 4 cadavres calcinés: deux sœurs âgées, mercières sans histoires, assassinées avant d'être brulées, et deux inconnus dans un petit avion de tourisme écrasé non identifié.
Une enquête plus proche des précédentes aventures du célèbre inspecteur, mais qui traîne un peu en longueur, se perdant parfois dans des détails, cassant le rythme de cette lecture.

C'est très agréable de suivre les débuts de Wallander au travers d'enquêtes le plus souvent passionnantes.
Seul point commun, outre la jeunesse du héros, c'est sa mise en danger systématique, le plus souvent par pure inconscience. Il risque sa vie dans chaque enquête et ne doit la vie sauve qu'à la réaction rapide et à l'intervention de ses collègues.
Je regrette cependant que la traduction privilégie le tutoiement que je trouve déplacé dans certains dialogues.
Une lecture intéressante sans être indispensable.
les débuts de Wallander 8 étoiles

Après avoir quasiment lu toutes les affaires du commissaire Wallander, je découvre le premier tome qui relate les débuts de ce policier intuitif.

Dans les autres romans policiers qui ont suivi, on sait qu’il est divorcé et qu’il vit seul la plupart du temps, mais ici on assiste lors de sa première enquête à la rencontre avec Mona, son ex-femme. Dès le départ, on voit que ce couple ne tiendra jamais la route. Cette Mona est bien trop exclusive et ne s’intéresse absolument pas au métier de son fiancé qui deviendra son mari. Alors on se demande un peu pourquoi il l’a épousée..

Ce sont des nouvelles très sociologiques où on apprend pas mal sur la Suède, mais non pas dans ce qu’elle a de bien, mais dans ce qui ne va pas du tout.

D’abord, il y fait quasiment toujours froid et chaque histoire en parle.. On sait qu’ensuite l’auteur Henning Mankell s’exilera au Mozambique, sans doute pour y découvrir un autre climat..

La police semble aussi mal lotie, mal payée, en sous-effectif et notre commissaire est quand même très porté sur la boisson, le whisky en l’occurrence. Ce doit quand même être malaisé de résoudre des enquêtes difficiles lorsqu’on a passé la nuit à boire et que la tête est douloureuse le matin…

Comme ce n’est pas mon premier Mankell, je sais que la Suède, par souci d’égalité, a supprimé le vouvoiement à partir des années 70, je crois, donc ce tutoiement j’y étais habituée.
Mais je ne comprends pas pourquoi le traducteur l’utilise systématiquement, un peu comme si les traducteurs depuis l’anglais n’utilisaient que le tutoiement puisque l’anglais utilise le « you » uniquement vu qu’il n’y a aucune différence entre le « tu » et le « vous ». J’ai fait des études de traduction, et lorsqu’on traduit on ne fait jamais de la traduction littérale, mais on doit utiliser les expressions type de la langue d’arrivée et pas celles de la langue de départ.

Je suis également d’accord que la dernière histoire « Pyramide » est un peu tirée par les cheveux, c’est la moins bonne de toutes. Elle tire en longueur et est un peu incohérente puisque c’est le tueur lui-même qui donne les indices pour être pris, enfin, il donne le nom des discothèques dans lesquelles il a l’habitude de travailler et notamment celle dans laquelle il a subtilisé du matériel utilisé pour éclairer un champ d’aviation clandestin.

A part cela, c’est toujours un plaisir de lire Henning Mankell qui est quand même mon auteur de polar préféré.

Darius - Bruxelles - - ans - 10 juin 2021


Wallander a été enfant ... 7 étoiles

... mais ce n'est pas (encore) cela que Mankell nous raconte dans ce "recueil". Il s'agit des débuts professionnels du futur grand commissaire Wallander. Il a commencé comme agent de quartier et sur les routes et au fur et à mesure des nouvelles, il a gravi les échelons (mais nous savons tous que notre policier préféré n'a pas d'ambition personnelle à proprement parler). Les histoires sont toujours agréables à lire et sur le même canevas : un peu entre "Les experts" et "Les 5 dernières minutes" MAIS OUI MAIS C'EST BIEN SûR ! Pour ceux de ma génération qui se rappellent. Donc, une lecture facile, distrayante et intéressante tout de même puisque l'auteur nous raconte aussi un peu son pays, la Suède, qu'il juge (à l'époque de l'écriture de l'ouvrage) tombée bien bas ! Et maintenant ???
Je lirai encore d'autres romans de Mankell mais il est bon de varier ses lectures même si ce type d'œuvre me procure aussi du plaisir. Pour en finir, il me semble que Wallander ado ne devrait pas non plus être une personnalité "incontournable" !

Ardeo - Flémalle - 77 ans - 15 décembre 2016


Neige et brouillard 6 étoiles

N’ayant lu, avant celui-ci, que le premier tome de la série : «Morts sans visage», je ne dispose ni du recul nécessaire, ni de l’attachement indiscutable à ce personnage mythique, pour juger en toute impartialité de la valeur de l’ensemble.
Je comprends donc que la «faille souterraine», ouvrage commandé par un lectorat avide d’une «suite», puisse séduire les aficionados, heureux de pouvoir ainsi retrouver leur héros favori, au temps de sa jeunesse, voire quasiment le ressusciter, vu les échos que j’ai pu avoir, ici et là, sur son état de santé à la fin de sa carrière…
Mais, pour la néophyte que je suis, la démarche est beaucoup moins convaincante et le résultat me paraît quelque peu artificiel.
Quoiqu’il en soit, il me semble, aux dires de l’auteur lui-même qui qualifie cette saga de «roman de l’inquiétude suédoise», que ces ouvrages sont beaucoup plus une étude sociologique, politique et surtout profondément humaine, que de véritables «polars», au sens classique du terme.
Je n’ai pas trouvé en effet dans aucune des enquêtes que j’ai pu lire -soit six au total, avec les cinq de «La faille souterraine»- l’angoisse et le suspense propres à ce genre littéraire, tant la chute est plus ou moins prévisible et les ficelles de l’énigme, parfois un peu grosses et confuses, voire inexpliquées.
Au moins, les quatre premières enquêtes de «la faille souterraine» sont-elles suffisamment courtes pour accélérer le rythme de l’histoire et donc, maintenir en permanence l’attention du lecteur, ce qui n’est pas le cas de «La Pyramide», comme le sous-entend Marvic dans sa critique, ni, d'ailleurs, de «Meurtriers sans visage».
Et puis, surtout, l’atmosphère à la fois climatique des paysages de neige suédois et psychologique des personnages, en général, et de Wallander, en particulier, est-elle superbement bien rendue, ce qui ne constitue pas, en général, la qualité première d’un roman policier.
Quant au tutoiement qui m’a aussi interpellée, l’auteur en donne l’explication dans une note du présent ouvrage ; la traductrice n’a donc fait ici que respecter cet usage suédois.
En conclusion, j’ai bien l’intention de poursuivre, dans l’ordre, la lecture d’un ou deux autres ouvrages de la série, ce qui me permettra d’infirmer ou de confirmer cette première approche, au demeurant très sympathique, de l’univers «Wallander».

Isis - Chaville - 79 ans - 27 mars 2013


Faire revivre Wallander... 8 étoiles

C'est ce que voulait Mankell...et son éditeur aussi sans doute ! Ne nous en plaignons pas, nous qui avons pris plaisir à suivre depuis des années les enquêtes du célèbre commissaire suédois : nous avions été désolés d'apprendre qu'il prenait sa retraite dé-fi-ni-ti-ve-ment.

Bien sûr, et l'auteur le reconnaît, tout n'est pas nouveau dans cet ouvrage, et on a dû déterrer quelques vieux brouillons de jeunesse. mais l'ensemble enchante toujours : cinq enquêtes pour le prix d'une, c'est inespéré ! Elles sont un peu plus rapides (c'est parfois un bien...)mais le style est toujours là, les personnages récurrents aussi : le père, la fille les vieux commissaires, etc...

J'espère que Mankell ne va plus se remettre à ses oeuvres préchi-prêcha sur l'Afrique...

Tanneguy - Paris - 85 ans - 11 novembre 2012