Le tombeau d'Hélios
de Pierre Magnan

critiqué par Shelton, le 1 novembre 2012
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Moi, j'aime !
Je suis tombé, il y a déjà quelques longues années, sous le charme du commissaire Laviolette, ou plus exactement, vous l’aurez compris, sous celui de son auteur, Pierre Magnan. On pourra toujours me dire que le rythme est trop lent, que les descriptions sont trop nombreuses, que les personnages secondaires prennent trop de place, que c’est trop littéraire, trop provençal… Je vous répondrai inlassablement que c’est justement pour cela que j’apprécie cet auteur, ce personnage, ces romans ! Je sais aussi que le succès n’a pas été au rendez-vous durant toute sa carrière d’écrivain, que les ventes n’ont augmenté qu’en fin de cursus, surtout quand la télévision a consacré son personnage comme « homme du terroir », mais cela ne changera rien à mon regard : voici une série de romans policiers que j’ai toujours pris plaisir à lire et relire !

Alors, de quoi est-il question dans ce roman policier ? D’une tontine ! Mais qu’est-ce donc que cette tontine ? Une tontine est un système financier particulier. On achète ensemble un bien, on touche régulièrement les dividendes ou bénéfices, et quand l’un des acteurs de départ meurt, le bien est réparti entre les survivants. Si cinq personnes créent ensemble une tontine, que quatre meurent, le dernier hérite de tout…

La quatrième enquête du commissaire Laviolette s’ouvre sur la mort atroce et cruelle de Paterne, un agriculteur qui avait la main lourde quand il répandait les produits chimiques dans ses terres. Pesticides, sulfatage, mais quand il épandait ses poisons, il mettait sa combinaison spéciale… Et pourtant, il meurt dans son équipement, devant sa fille, dans d’atroces souffrances…

Les morts vont se suivre et Laviolette comprend assez rapidement qu’il va y en avoir plusieurs car lorsqu’un lot de capsules d’acide cyanhydrique disparait c’est rarement pour décorer la maison ou parfumer les toilettes. Qui a volé le lot mortel ? Qui va l’utiliser ? Qui est derrière cette horreur qui s’abat sur ce paisible arrière-pays provençal ?

Ce qui est attachant dans ce roman réside dans le caractère des deux personnages clefs : le commissaire et le juge. Le commissaire est lent, observateur, penseur, attaché à tous ceux qu’il rencontre, cherchant à toujours comprendre les motivations des uns et des autres même quand elles n’ont rien à voir à l’enquête. Le juge, lui, plus pragmatique, plus soucieux d’une certaine efficacité, mais parfois emporté par ses passions et ses envies quitte à se mettre en danger, danger moral bien sûr… Autre attrait de ce roman comme de toute la série, l’écriture de Pierre Magnan qui est aussi éloignée des romans d’action américains que l’aïoli maison de la mayonnaise industrielle… Oui, ici, on est dans un roman à l’ancienne. Un polar ? Peut-être, mais surtout dans un roman, avec une intrigue, des personnages, un style… un vrai bouquin qui fait plaisir au lecteur !

Vous l’aurez compris, je suis adepte des romans de Pierre Magnan et je suis fasciné par ce commissaire Laviolette. Si j’avais été enquêteur, je crois que je l’aurais pris comme modèle…

Ah, je ne vous ai pas dit grand-chose de l’intrigue policière… Qui a bien pu assassiner Paterne et ceux qui suivront… Le survivant ? Ou une autre personne, allez savoir ! Si je vous disais tout, auriez-vous envie de lire ce roman policier ?