Le grand dieu Pan
de Arthur Machen

critiqué par Bluewitch, le 17 décembre 2002
(Charleroi - 45 ans)


La note:  étoiles
Mythologie, peurs antiques et questionnements occultes
Arthur Machen fut reconnu comme un grand auteur par H.P. Lovecraft lui-même et « Le Grand Dieu Pan » est le roman qui détermina le début de sa carrière d'écrivain. Engagé dans une librairie pour ranger les écrits occultes, il se prit de passion pour les ouvrages nébuleux et autres récits « parascientifiques » tels que ceux de l'alchimiste Nicolas Flamel.
Mais venons-en à ce roman à l’époque maudit et interdit de résidence dans toutes les grandes bibliothèques. Le Dr Raymond, savant ingénieux et obstiné, décide, après des années de recherche, d'opérer une intervention sur sa pupille, Mary, et, par une légère incision à un point précis du cerveau, de lui permettre une vision dévoilée du monde, de le percevoir sous sa vraie nature, par-delà le masque du matérialisme moderne. Sous l'œil d'un ami témoin de l’opération, Clarke, la jeune femme à son réveil sombrera dans une totale folie. « Elle est idiote irrémédiablement. Mais c’était inévitable et, après tout, elle a vu le Grand Pan ».
Le temps passe et apparaît dans le roman une jeune fille nommée Hélène Vaughan. De fillette à femme, elle répand autour d'elle mystères et morts. Qui est-elle vraiment ? Belle et pourtant dérangeante, elle semble être le point commun qui lie d'étranges événements comme le suicide de plusieurs lords, retrouvés chez eux les traits congestionnés par l’horreur… Quel est le lien entre cette créature évanescente, disparaissant et resurgissant au gré des circonstances, et la pauvre Mary, qui perdit la raison pour en avoir trop vu ??
Vous aurez bien vite la réponse en lisant ce livre qui n'est pas bien long et, par le format tant que par la rapidité d’enchaînement des événements, ressemble davantage à une nouvelle.
Ce roman mêle idées modernes de l'époque et sciences parallèles par le biais d’un récit fantastique, gardant un œil fasciné sur les techniques et faits occultes. Usant par là d’un personnage mythologique (Pan était un personnage très laid mi-homme mi-bouc, fils d'Hermès, qui fit s'enfuir les Titans de l’Olympe où ils étaient en guerre avec les dieux. On lui doit le mot « panique »), Arthur Machen dresse une atmosphère étrange, captivante. Effrayante, sans doute moins qu’à sa première parution, mais laissant néanmoins au roman le mérite d'être classé parmi les « classiques » (bien que j’utilise ce mot avec des pincettes) du genre…
En réponse à Pendragon... 7 étoiles

C'est vrai que ma cote est peut-être le seul indice concret de mon appréciation du "roman" et je m'étonne d'être restée si neutre. Guillemets pour le mot roman car je reste convaincue que ces pages auraient mieux porté le titre de nouvelle. C'est un livre qu'on aborde avec un tas d'a priori suite aux diverses critiques et analyses le décrivant comme un "Grand" Roman Fantastique de la fin du XIXe siècle... On s'interroge et on est frustré, c'est certain. L'ambiance se crée, là, comme je l'ai dit dans ma critique, se trouve la principale qualité du livre. Le sujet est prometteur, au fond. Mais le texte est fait de suggestions, de suppositions, d'effleurements, comme le dit bien Pendragon. On apprécie l'écriture aussi, mais, malgré ses quelques 94 pages, le récit arrive encore à s'octroyer quelques redites... Livre maudit à l'époque, disait-on?? N'est-ce pas justement cette liberté d'imagination laissée au lecteur qui lui valut la censure? Sait-on vraiment parfois jusqu'où va la création de l'esprit...

Bluewitch - Charleroi - 45 ans - 19 décembre 2002


questionnement peut-être, mais de réponse point ! 7 étoiles

Ma mémoire peut éventuellement me faire défaut mais, heureusement, je garde des notes sur mes lectures… Ce roman, lu en mars 2000, ne m'avait pas particulièrement plu ; aussi, devant la belle critique de Bluewitch me suis-je empressé d'aller retrouver les susdites notes. Voici ce que j’en pensais à l'époque :
Voilà un livre qui ne contient rien, si ce n’est des sous-entendus, des phrases vides que le lecteur doit remplir et combler lui-même. C’est d’ailleurs assez typique de ces romans écrits à la fin du siècle précédent (ou au début de celui-ci) : « l'horreur indicible qui se présenta à ses yeux était de par trop inhumaine pour être décrite avec des mots… » ou encore « l'opération la plongea dans des abîmes insondables où toute chose avait un aspect que les mots terrestres ne peuvent décrire… », etc . Je trouve, personnellement, que c’est assez facile de commencer un récit de science-fiction ou d'horreur en n’ayant pas le souci de la description de toutes ces choses qui sont sensées dépasser notre entendement. C'est justement cela qui fait d'un auteur un bon auteur : la description de l'invisible, l’imagination fertile au pouvoir pour servir le pauvre lecteur qui en est dépourvu. Je ne puis dès lors pas apprécier ce livre, même si son ancienneté l'excuse un tant soit peu, même si c’est ainsi que les livres s'écrivaient à l’époque.
C'est assez clair, voire même tranchant ! Cela dit, Bluewitch ne lui met que 3.5 étoiles, ce qui correspond assez à ma cote (j’avais mis 13.5/20) et nous sommes donc bien d’accord.

Pendragon - Liernu - 54 ans - 18 décembre 2002