Vercingétorix
de Georges Colomb

critiqué par Saint Jean-Baptiste, le 30 octobre 2012
(Ottignies - 88 ans)


La note:  étoiles
La mort du héros
Un conseil d’ami, n’entamez pas ce livre avant d’aller dormir, vous y passeriez la nuit. Aucun thriller, polar, ou roman policier ne pourra jamais vous passionner autant que ce Vercingétorix de Georges Colomb. C’est qu’il l’a écrit, nous explique-t-il, sous le coup d’une passion qui le dévorait depuis cinquante ans.

Ce livre c’est la guerre des Gaules racontée par les vaincus. Ce que voulait Georges Colomb, c’était rétablir la vérité. Pour lui, la défaite de Vercingétorix contre Jules César n’est due qu’à la trahison de certains peuples de la Gaule, « ces peuples qui ont renoncé, au cœur de la bataille, à servir la cause nationale, pour se livrer aux ventouses de la pieuvre romaine ».

D’après lui, tous les historiens ont été trompés par la lecture des Commentaires de Jules César, qui est l’Histoire racontée par le vainqueur.
Il n’est pas question de remettre en cause l’exactitude des Commentaires ; seulement, nous dit Georges Colomb, il y a la manière de raconter : quand César raconte qu’il a fait semblant d’aller au sud et puis qu’il est allé vers le nord, c’est considéré, par les historiens de nos manuels d’Histoire, comme une ruse suprême pour tromper l’ennemi. Mais, pour Georges Colomb, c’était un sauve-qui-peut, face à un ennemi encore plus malin que lui.

Je ne crois pas que Georges Colomb soit impartial, je suis même sûr qu’il ne l’est pas. Si, pour lui, César est un envahisseur cruel et sans foi ni loi, il ne veut en rien diminuer son génie. Ce qu’il veut démontrer, c’est que, face à lui, Vercingétorix était plus fin stratège et l’aurait emporté s’il n’avait pas été trahi.

À propos d’Alésia, il démontre que l’armée de secours a fait exprès d’arriver en retard. Mais, malgré ça, nous dit-il, Vercingétorix l’aurait emporté si ses soldats n’avaient pas été victimes de leur fougue, indisciplinée et typiquement gauloise.

Pour lui, faut-il le préciser, cette défaite d’Alésia est la plus grande catastrophe de notre Histoire. Sans ça, la Gaule serait restée indépendante à jamais et, en retrouvant son unité, elle aurait été capable de résister victorieusement à toutes les invasions qui ont suivi, au cours des siècles et jusqu’à nos jours. Ce jour là, ajoute encore Georges Colomb, le patrimoine de l’humanité a perdu la civilisation des Celtes, une des plus belles civilisations que le monde ait jamais connues.

Voilà un livre d’Histoire comme on les aime ; il est écrit superbement par un des plus grands historiens du siècle dernier, un peu partisan sur les bords, mais absolument génial.