Sauver Mozart : Le journal d'Otto J. Steiner
de Raphaël Jérusalmy

critiqué par Isad, le 28 octobre 2012
( - - ans)


La note:  étoiles
Subversion musicale
Ce petit livre de 150 pages est composé de lettres et de pages du journal qui donnent des faits sur sa vie d’homme malade et le déroulement de la guerre.

Le narrateur est un critique musical atteint de tuberculose qui vit dans un sanatorium de Salzbourg en 1939-40. Il décrit la déchéance de la maladie et donne les informations qui filtrent sur la guerre qui s’étend, à travers notamment la nourriture et la disponibilité décroissante des soignants. La musique et les musiciens qu’il aime sont omniprésents. Il aide un ami et collègue, le seul qui vient le voir, à composer une fanfare pour une rencontre entre Hitler et Mussolini, puis lui fait des propositions pour l’agencement des airs du le festival d’été. Ce sera l’occasion pour lui de faire un pied de nez aux nazis et de renouer avec ses origines juives dont son père s’était volontairement détourné.

IF-1012-3971
Court et parfait 8 étoiles

Je voudrais comparer ce petit livre de 150 pages avec l'énorme brique de Fallada "Seul dans Berlin".
Seul dans Berlin c'est un homme qui pose des cartons dans la ville. Ecrits à la main, ses cartons posent des questions sur le régime nazi, tout simplement, en attendent que des lecteurs les découvrent. Ces actes sont punis de mort, il le sait. Ce qu'il fait, ce n'est pas grand chose mais c'est déjà quelque chose.

Dans sauver Mozart, Otto J Steiner est mal en point. La tuberculose sous Hitler c'est un peu comme être juif, homo, gitan... c'est à dire inutile. Enfermé dans un sanatorium, soigné avec de l'eau claire (les médicaments efficaces sont revendus par le personnel soignant), Steiner sait qu'il va mourir, qu'il doit mourir et surtout qu'il veut mourir.
Mais lui aussi voudrait faire un pied de nez !

La farce du vaincu

Monocle - tournai - 64 ans - 31 décembre 2015


Salzbourg, Mozart, 1940 8 étoiles

Comment ? Mozart, génie universel, doit être sauvé ? Mais il s’agit d’une époque particulière : Salzbourg sous le régime Nazi.
Raphaël Jérusalmy est diplômé de l'École normale supérieure. Il a fait partie des renseignements militaires israéliens. Sauver Mozart est son premier roman, il obtient le Prix Emmanuel-Roblès en 2013.
Otto Steiner relate dans son journal intime ce qu’il perçoit dans son entourage. Une période particulièrement tragique : l’anschluss en Autriche mais le narrateur semble vivre en marge des événements. Il passe ses journées dans un sanatorium en parties d’échecs quand sa tuberculose lui laisse de temps à autre quelque répit. Spécialiste de musique classique, il veut sauver Mozart à Salzbourg lors du Festspiele en 1940 car la Propaganda est davantage tournée vers Wagner. D’origine juive mais non circoncis, il tait évidemment cette appartenance qui pourrait le conduire aux camps de la mort. Mais lui-même se sent-il juif ? Pas spécialement, plutôt athée, seul, il n’a pas de nouvelle de son fils Dieter qui se serait réfugié en Palestine. Sa passion ? La musique et Mozart qu’il veut maintenir à tout prix dans le festival annuel de Salzbourg.
Dommage que son journal s’arrête le 2 août 1940, quelques jours après le Festspiele.
Tout-à-fait particulier ce roman où s’égrainent les dates. Parfois une lettre à son fils Dieter donne une touche plus intime, plus humaine. Car la personnalité d’Otto Steiner est plutôt complexe : humour noir qui frise le cynisme, âme de résistant pas trop efficace, quoique…

Ddh - Mouscron - 83 ans - 1 octobre 2013