La vallée des masques
de Tarun J. Tejpal

critiqué par Isad, le 27 octobre 2012
( - - ans)

La note: étoiles

Rejet de la perfection et hymne au doute

Nous lisons la naissance et la perversion d’une idéologie qui ne supporte pas d’opposition, ce qui fait penser à des précédents historiques plus massifs qu’un fragment oublié dans les montagnes de quelques centaines de personnes.

Le livre alterne entre le récit du narrateur et celle de l’origine de la secte dans laquelle il vit. Le groupe initial, fondé au début du XXIe siècle a échappé à ceux qui ne voulaient pas les laisser vivre à leur convenance mais, au fil des génération, il raffine ses enseignements et adopte de nouvelles règles dont l’interprétation va vers toujours plus de pureté et rejette toute possession. C’est l’occasion de voir comment en vase clos, d’opprimé aspirant à la liberté et à un idéal de vérité et de vie en commun, on peut devenir dogmatique et oppresseur distillant les informations aux seuls qui ont le droit de les connaître.

L’histoire est celle d’un enfant qui grandit dans une secte dans laquelle les enfants ne savent pas qui sont leurs géniteurs. A l’adolescence, chacun porte une effigie, un masque unique gommant les différences individuelles. Et le narrateur se pose des questions. On le suit dans sa quête d’excellence et les rites de passage humiliants, lui qui veut devenir un Assassin. La trentaine passée, il comprendra les déviations engendrées par cette communauté recluse qui étouffe toute initiative individuelle et ne permet pas qu’on s’en échappe. Il réussi pourtant à fuir cette vallée enclavée car il lui apparait brutalement que la vie en commun actuelle a été détournée des préceptes prônés par le fondateur. C’est la raison pour laquelle, au cœur de la ville, il attend ceux qui vont venir le tuer, buvant du thé et racontant à des cassettes sa vie, à défaut d’avoir eu la capacité de l’écrire.

IF-1012-3965