La maison du Marais
de Florence Warden

critiqué par Mandarine, le 22 octobre 2012
( - 52 ans)


La note:  étoiles
Un classique méconnu ...
L'histoire :
"Vous devriez quitter les Sureaux aussi promptement que vous le pourrez, et avant même d'avoir trouvé une autre situation. L'endroit est bien plus périlleux que vous ne vous en doutez, bien plus dangereux que je le pressens moi-même"
Ces quelques mots ont été adressés à notre personnage principal Miss Christie, 18 ans, jeune institutrice qui a quitté Londres pour le Norfolk. Elle arrive dans une maison tenue par un couple atypique. La femme,Mrs Rayner, elle, est amorphe, absente, muette et sans personnalité. Et en face, il y a un mari, tendre, joyeux, attentionné et musicien ! Ils ont deux filles, l'aînée à qui Miss Christie doit donner des cours et une petite cadette qui vit comme une sauvage sans éducation près du marais.
Oui, mais voilà, la famille cache des secrets inavouables et il se passe des choses très étranges: des visiteurs inquiétants vont et viennent, Mrs Rayner se comporte de plus en plus étrangement, les ragots dans le villages vont bon train, les domestiques font peur ...

Ce que j'en pense :
Le côté "british" fin XIX : c'est vraiment ma tasse de thé !!!
C'est une vraie découverte que je viens de faire avec ce livre de Florence Warden qui a été depuis peu édité par les éditions Joelle Losfeld (Merci à eux !!!).
Ce petit bijou est comparable en construction (sur la forme) et en histoire (sur le fond) à des livres de Wilkie Collins, il y a un peu de Brontë, d'Ann Radcliffe et de Bram Stoker. Une histoire compliquée avec une intrigue dans un environnement "vieux château" assez typique de cette période: murs froids et humides, entouré de marais, construction délabrée où la végétation est reine, très propice aux fantômes... Le personnage clé est notre Miss Christie, personnage très attachant d'une naïveté incroyable à faire sourire, très portée sur les principes et sur l'éducation mais qu'on adore !
A un moment, l'intrigue m'a fait penser à la "pierre de Lune" de W Wilkie Collins avec tous les personnages qui vont et viennent.

Il est clair qu'il faut être fan de ces romans à suspense pour apprécier : ce qui est mon cas. J'ai essayé de trouver d'autres livres de Florence Warden en français. Mais il semblerait que cela soit mission impossible.
Miss Christie mène l'enquête. 6 étoiles

Dans ce roman victorien (1882), il y a du mystère, une vieille demeure bien humide, d'affreux traîtres et une héroïne naïve à souhait.
La narratrice est en effet une jeune institutrice qui se rend aux Sureaux pour répondre à une offre d'emploi parue dans le Times. Elle s'appelle Violet Christie; mais rien à voir avec Agatha! Notre Violet s'avère même une piètre enquêtrice.

Arrivée chez ses employeurs, la jeune fille est subjuguée par son patron, Mr Ryter, qui représente à ses yeux la beauté, la gaité et le dévouement filial. Quant à Mrs Ryter, elle semble en bien mauvaise santé et se terre dans une mélancolie maladive. La maison des Sureaux compte aussi d'autres habitants: il y a Haïdée Ryter, l'élève de Miss Christie, sa petite soeur Mona, sauvageonne qui erre dans le parc et déteste son père; et puis il y a la terrible servante, Sarah. Celle-ci semble prête à tout pour nuire à notre héroïne.

Plus l'histoire avance et plus le mystère s'épaissit -du moins pour la narratrice car le lecteur, lui, peut entrevoir quelques lumières dès le milieu du roman! Pourquoi Mrs Ryter se confine-t-elle au rez-de-chaussée, dans la partie la plus malsaine de la maison? Qui sont ces hommes qui errent de nuit autour des écuries? Quel lien mystérieux unit Sarah à son employeur?

Les complots ne seront pas épargnés à la pauvre Violet. Elle devra déjouer plusieurs attentats contre sa vie et ... sa vertu, le tout sur fond de marécages et de brouillards. Elle apprendra aussi que les apparences sont trompeuses. Mais, il faut dire que notre Miss Christie est d'une crédulité affligeante, d'une candeur irritante... Heureusement, le séduisant Laurence Reade, voisin des Sureaux, est là pour protéger sa belle.

Ce roman m'a fait penser à "L'auberge de la Jamaïque" (critiqué sur ce site): une jeune fille arrive dans une maison isolée dont elle tente de percer les secrets; son employeur est fascinant et exerce un pouvoir absolu sur son épouse, une pauvre femme égarée; le paysage désolé ajoute à la noirceur de l'intrigue, sans parler des brigands... C'est à se demander si Daphné Du Maurier ne s'est pas inspirée de sa compatriote un demi-siècle plus tard.

La première moitié du roman est palpitante et se lit d'un trait -suspense oblige! Mais par la suite, la psychologie de la narratrice se révèle contradictoire et peu crédible. Outre son incroyable naïveté -elle ne comprend rien, ne déduit rien même face à des évidences -, Violet possède aussi une bonne dose de coquetterie: elle semble aimer Laurence Reade, mais se laisse courtiser par son employeur et par Tom Carruthers le débauché local, sans penser à mal (???). En 1882, une jeune fille agissant ainsi aurait été taxée d’immoralité ; d’ailleurs Violet s’attire quelques remarques en ce sens ainsi que la colère de son fiancé, et se sent injustement persécutée!

Voici donc une lecture facile et divertissante, de quoi passer un bon moment; mais ne vous attendez pas à découvrir un chef d'oeuvre immortel! Contrairement à Mandarine, j'ai trouvé que ce livre était tout de même en-dessous des classiques du genre, comme "Pierre de Lune (Wilkie Collins) ou "L'oncle Silas" (Sherdian Le Fanu). Contrairement à Isad, je n'ai pas tellement apprécié la traduction, trop moderne justement, et qui à mon avis nuit à l'élégance du style victorien.

Pierrequiroule - Paris - 43 ans - 12 novembre 2012


Intrigue classique au contexte gentiment suranné 6 étoiles

Je ne sais pas si c’est grâce à la qualité de la traduction, mais l’écriture semble tout à fait contemporaine pour ce livre écrit en 1882.

Il s'agit d'une histoire racontée par une jeune institutrice londonienne ingénue et naïve qui va instruire une enfant dans une campagne où elle ne connaît personne. Aux alentours, des voisins se font cambrioler par une mystérieuse bande de voleurs qui ne laissent pas de traces.

Le maitre de maison subjugue cette narratrice de 18 ans. Et même si elle s’étonne du comportement de certains des habitants ou des conditions insalubres dans lesquelles il réduit sa femme et ses filles ou encore de la considération accordée à la gouvernante qui semble tout régenter, elle croit tout ce qu’il dit. Elle tombe amoureuse d’un beau voisin mais beaucoup ne voient pas cela d’un œil favorable.

On voit le poids de la religion car aller à l’office fait partie des convenances dominicales imposées. On sent la prégnance des conditions sociales et des préjugés qui ont cours. On constate aussi la façon singulière d’élever les enfants et de les instruire, l’autoformation pour progresser dans la connaissance.

IF-1112-3978

Isad - - - ans - 10 novembre 2012