Autobiographie des objets
de François Bon

critiqué par Tanneguy, le 17 octobre 2012
(Paris - 85 ans)


La note:  étoiles
Souvenirs, nostalgie
L'idée de base est intéressante : l'auteur puise dans ses souvenirs et décrit les objets qui l'ont marqué et nous fait part des réflexions qu'ils lui inspirent sur la marche du temps, sur les changements intervenus, sur un peu tout. Le livre est un peu décousu, le style n'est pas extraordinaire.

Lorsqu'est évoqué un objet qui nous a nous-même marqué, nous réfléchissons aussi et la nostalgie nous guette également.

Le problème, c'est que les souvenirs de François Bon sont très banals et nous avons l'impression de perdre notre temps à mesure que notre lecture progresse, au point que j'ai été tenté de lâcher ce livre plusieurs fois. J'aurais dû !
Le parti pris des choses 6 étoiles

Autobiographie des objets ou plutôt autobiographie par les objets . C’est le parti pris de François Bon ici : se raconter par le biais des objets qui ont marqué sa vie d’enfant et d’adolescent , entre un père garagiste et une mère institutrice .

« J’appartiens à un monde disparu » lit-on à la page 38, un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître puisqu’il est né en 1953 et qu’il fait renaître par le biais de l’évocation d’objets grâce auxquels « c’est le temps tout entier qui vous surgit à la face » . Le souvenir de ces objets – ses petites madeleines à lui- provoquent en lui « quelques images, comme flottantes…..susceptibles d’éveiller des bouffées très fortes du temps délivré ».

Ces objets qui relèvent des domaines de la mécanique et du livre renvoient aux deux pôles entre lesquels s’est construite la vie François Bon : celui de la technologie, et celui de l’écriture .

Etrangère au domaine de la mécanique, j’ai lu en diagonale les descriptions précises d’outils . Dans la catégorie Ouvrages : Biographie personnelle et collective, qu’il me soit permis de préférer l’ouvrage d’Annie Ernaux : LES ANNEES .

Alma - - - ans - 15 mars 2013


I did stop! 3 étoiles

Je n'ai pas tenu au-delà de la page 200:

Tout nous sépare. En premier lieu les objets qu’il a choisis. « Mais comment aurais-je pu m’intéresser à un herbier ? « Pour aimer les plantes il faut les cultiver et personne ne m’a appris, on vivait dans un garage… » Quant aux objets qu’il sélectionne (très peu d’entre eux parlent à ma sensibilité : genre « quoi faire d’une hélice d’avion… » « Dioptries », « Règle à calcul » und so weiter ! Ah, j’oubliais la baïonnette! Cela m'a rappelé celle de mon grand-père, garde républicain à Paris en 1925, lle fut longtemps cachée au-dessus d’une armoire normande !
François Bon parle d'objets-fétiche, mais ne les aime pas vraiment, alors pourquoi en parler? Cela me semble finalement juste un prétexte artificiel pour écrire, un procédé répétitif pour activer mécaniquement des souvenir d’enfance. Une enfance qui ne me fait en rien rêver… Donc côté fond, bof. C’est humble et noble ouvrier. OK , dont acte. Pour ceux qui aiment.

A moins que François Bon n’en veuille personnellement aux livres-papier? Comme il est à la fois auteur et éditeur de livres pour tablette, voudrait-il faire table rase de la matérialité des choses ? Brûler les livres physiques qui nous ont émus ? Encore une chose qui nous sépare définitivement.

Enfin le style. Du « je » à n’en plus finir et à toutes les sauces, quasi à chaque ligne, peu de distanciation, pas de jeu, l’esthétique de langue aux abonnés absents. De longues phrases qu’il faut relire. Nous avons le même âge mais il parle de gens et lieux que je ne connais pas. Cela intéressera à mon avis encore moins les générations qui suivent. A moins qu’il ne se fasse un cinéma perso de l’art d’être grand-père ? La construction monotone des chapitres m’a tellement barbée que j’ai arrêté de lire après 200 pages. Chaque fois à la fin de chaque « chapitre » il faut se farcir une conclusion pontifiante sous forme de grandes questions… très scolaires. Le seul chapitre digne d’intérêt est celui sur les nasses à grenouilles … qui ressemble à la « pêche » aux anguilles dans « Die Blechtrommel » (le tambour) de Gunther Grass.

J’aime les objets vous l’aurez compris, et le poème de Lamartine qui chante leur âme, une âme qui nous survit bien souvent... :

Murs noircis par les ans, coteaux, sentier rapide,
Fontaine où les pasteurs accroupis tour à tour
Attendaient goutte à goutte une eau rare et limpide,
Et, leur urne à la main, s'entretenaient du jour,

Chaumière où du foyer étincelait la flamme,
Toit que le pèlerin aimait à voir fumer,
Objets inanimés, avez-vous donc une âme
Qui s'attache à notre âme et la force d'aimer?

Deashelle - Tervuren - 15 ans - 28 octobre 2012