Swamplandia
de Karen Russell

critiqué par Psychééé, le 12 octobre 2012
( - 35 ans)


La note:  étoiles
Quelle imagination!
Elu par le New York Times comme l’un des 5 meilleurs romans américains de l’année 2011 et figurant parmi les 3 finalistes du prix Pulitzer 2012, je m’attendais à autre chose. C’est loufoque, parfois sombre, magique mais il faut aimer le genre fantasmagorique …

Swamplandia, c’est LE parc d’alligators en Floride qui fait fureur et appartient à une famille déjantée, les Bigtree, qui se prennent pour une tribu. Il y a le père alias « Chef Bigtree », la mère Hilola qui réalise un numéro époustouflant avec les alligators lui valant une renommée internationale, le fils Kiwi, 17 ans, et les filles Ossie et Ava. Suite à la mort d’Hilola, le parc perd tout son intérêt et fait faillite. Les Bigtree divaguent et partent dans toutes les directions : Ossie, férue de spiritisme, tombe amoureuse de fantômes et fait des virées nocturnes pour les rencontrer, Kiwi fugue afin de poursuivre des études et se retrouve à travailler chez le parc concurrent, le Chef disparaît pour trouver de l’aide en ville, la petite Ava répète avec les Seths pour devenir aussi forte que sa maman… Tous, à leur manière, tentent de redonner vie à ce parc.

Ce roman tire en longueur et alterne les personnages selon les chapitres. La plupart du temps, l’histoire nous est contée par Ava, la petite dernière de 13 ans, ce qui nous immerge totalement dans l’enfance. J’aime beaucoup ce personnage qui est à la fois touchant, courageux et naïf à souhait ; elle part à l’aventure au pays des Enfers à la recherche de sa sœur frappadingue. On voit bien que les membres de cette famille ne sont pas comme les autres, les continentaux... On assiste à un déracinement profond pour ces êtres qui sortent de leur île déserte, et c’est ce déchirement qui va les conduire à la perte de leur innocence. Evénements insolites, personnages fantaisistes, aventures, mort, réalité, surnaturel… on se croirait dans un roman de la trempe d’Alice au pays des merveilles !
Prometteur au début et puis... 4 étoiles

Dès les premières pages, on est tout de suite projeté dans l'univers de Swamplandia : les crocodiles, le bayou, les marécages, l'histoire familiale.
On s'attache à la personnage principale, on pense que l'histoire va vite évoluer et puis en fait on se fait projeter dans des rêveries enfantines, alors que je m'attendais personnellement à l'évolution de ce personnage. Je souhaitais la voir prendre des décisions, faire avancer les choses pour agir concrètement et sauver l'affaire familiale.
Ce n'est pas du tout le cas, on passe dans un monde très rêveur, très enfantin, et malheureusement je n'ai pas été portée par la seconde moitié du livre.

Camille601 - - 34 ans - 4 avril 2014


une belle écriture mais... 5 étoiles

Je ne reviens pas sur l'histoire de Swamplandia, bien décrite par la critique principale.
Comme Psychééé, j'ai été assez déçue par ce livre.
J'ai l'impression que l'auteur, qui a pour elle une belle écriture, n'a pas vraiment su se positionner. Ce livre aborde plusieurs sujets : la perte de la mère, les façons d'y réagir, les attitudes face aux changements, le rêve, la folie, les désillusions, l'espoir, la perte d'innocence, la rencontre de deux mondes (celui de Swamplandia et celui des "continentaux"), sans que j'ai pu distinguer celui qui était privilégié parmi les autres. L'auteur alterne des chapitres de la vie d'Ossie, essayant de continuer à vivre malgré tout dans son île, et de celle de Kiwi, rêvant de revenir en héros après avoir étudié le parc d'attraction de la concurrence ; la vie d'Ossie est fantasmagorique, celle de Kiwi disséquée sous la lumière crue de la réalité.
J'ai trouvé également que le contenu du livre n'était jamais très loin du sordide. La grande soeur qui gémit dans son lit le soir avant de s'endormir, "possédée" par un fantôme, le parc d'attraction dans lequel galère Kiwi et son fonctionnement bien loin de ce que préconise le "contrat social", l'occupation du père pendant son absence... et bien sûr, la quête d'Ossie et de l'Oiseleur, qui donne au récit ses plus belles pages.
Je suis passée à côté du livre. Certaines pages m'ont ensorcelée, fait sourire ou réagir, mais j'ai quand même ressenti une certaine impression d'ennui, de décalage sans objet, de mélange des genres, qui fait que Swamplandia, à mes yeux, n'est pas une réussite.

Ellane92 - Boulogne-Billancourt - 48 ans - 22 avril 2013