Le maître des jardins noirs
de André-Marcel Adamek

critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 8 décembre 2002
(Liernu - 56 ans)


La note:  étoiles
Adamek, maître de l'émotion
Signalé comme un « micro-roman » sur la couverture, cette histoire peut être qualifiée de tout sauf de « petite ».
Peu de pages, certes, mais, waouw !, que ce livre est grand.
Si vous voulez vraiment un résumé, lisez la suite.
Sinon, ne perdez pas de temps avec mon charabia, et dirigez illico vos pas vers le libraire le plus proche !

Quentin et Anaïs emménagent dans leur nouvelle demeure, avec leurs trois enfants, Paul, Maurice et Yolande.
Malgré des travaux d'envergure, cette vaste maison à la campagne censée procurer de l’apaisement au cœur de Quentin qui s’emballe un peu trop ces derniers temps, se révèle une véritable éponge à toute forme d'humidité…
Drôle de famille dont la cadette, retardée mentale, articule avec difficulté des « lalala » toute la journée durant.
L’installation dans ces murs se fait sous l’oeil (de plus en plus) observateur de M. Simon, le voisin de la ferme d'à côté, dont la femme n'est pas dupe de l'intérêt soudain de son mari pour les fenêtres qui donnent sur la façade des nouveaux venus.
Une des originalités du livre tient en sa présentation.
De chapitre en chapitre, le narrateur est alternativement M. Simon et Anaïs.
Deux regards, deux perceptions sur un seul et même événement.
Cela donne lieu a une histoire subtile, fine dont les personnages nuancés sont souvent l'objet de contradictions intérieures.
Beaucoup de poésie dans la ruralité, de la bienveillance dans le regard porté sur l'âme humaine, mais sans naïveté aucune.
Je me souviendrai longtemps de ce livre dont pas une ligne n’est à jeter.
Je me réjouis déjà de le relire…
Jardins noirs 10 étoiles

L'arrivée d'une nouvelle famille dans ce curieux hameau où tout est tu. Les voisins observent le nouveau couple avec leur trois enfants, mais les nouveaux arrivés observent aussi ces curieux voisins.
Adamek a choisi d'intercaler les scènes en fonction du ressenti des acteurs : Anaïs et le narrateur. Habile comme procédé dans les longs récits mais dangereux dans les courts romans et Le maître des jardins noir est un très court roman.
Et pourtant le résultat est une merveille, pas un mot à rajouter ni à enlever. Magnifique.

Monocle - tournai - 64 ans - 22 février 2017


Détail 10 étoiles

Pendragon nous a encore gâtés ; de sa plume, il a su chatouiller notre sens littéraire avec succès…
Quelle critique-éclair grandiose !
Cela dit, je ne partage pas sa perception…
La noirceur est certes présente dans ce livre.
Mais je n’en ferais pas le thème principal, plutôt une parenthèse, ou une toile de fond.
Parfois lourde, cette gravité n’a cependant pas le dernier mot.
Quoi qu'il en soit, trois personnes se sont prononcées sur ce livre, et toutes l’ont aimé.
Serez-vous la (le) quatrième ?

Saint-Germain-des-Prés - Liernu - 56 ans - 12 décembre 2002


Il n'y a pas que la terre qui soit noire... 9 étoiles

Etrange roman que celui-là, ou plutôt « micro-roman » comme le précise la couverture et St-Germain qui rend ici parfaitement bien l'histoire. Mais permettez-moi quelques impressions fugaces sur la forme de celle-ci.
Le livre est constitué de vingt chapitres, chacun raconté en alternance par Anaïs et par M. Simon et cela donne une espèce de chambre d’écho ou de résonance, mais en léger décalé, en différé, comme si le reflet de l’un n'était que l'image troublée que l’on voit sur une eau ondulante, une eau noire et froide.
Le titre n’est pas évocateur, si ce n'est cet adjectif noir qui s'y colle si bien. Ce roman est noir, sombre et triste. Il est froid et glacial. Il est gris et pluvieux. Mélange de boue et terre putride. Remords et regrets s’y mêlent et s’entremêlent dans ce drame campagnard.
La blonde Anaïs représente la pureté et l'espoir, le futur. Le noir M. Simon est le passé, la mémoire de la terre et de ce qu'elle a vu. Ses remords l’attirent vers la tombe, ses espoirs à elle l'attirent vers le ciel et le bonheur. Entre les deux, il y a comme une symbiose, mais elle n'est pas forcément bénéfique. Anaïs fait deux-trois cauchemars, ombres venues d’un temps révolu, M. Simon, lui, entrevoit les chemins de la rédemption.
La conclusion est ce qu'elle doit être !
L'écriture d’Adamek est nette, découpée au scalpel, franche et directe. Pas un mot de trop, pas un trop peu. Le vocabulaire qu’il faut pour les idées qu’il veut. Les images ad hoc pour un univers de grise campagne. Une petite merveille qui se lit en une heure et demie. A lire ! A lire absolument !

Pendragon - Liernu - 53 ans - 10 décembre 2002


Mon préféré... 10 étoiles

C'est mon préféré chez Adamek, si tant est que je puisse en avoir un préféré puisque je les aime tous ! Il est d'ailleurs grand temps qu'André-Marcel nous en refasse un petit...

Patman - Paris - 61 ans - 9 décembre 2002