Les 7 Masques
de Jacques Sadoul

critiqué par Ellane92, le 9 octobre 2012
(Boulogne-Billancourt - 49 ans)


La note:  étoiles
Quand la fiction dépasse l'écrivain
Christianne le Kermeur, belle rousse bien roulée et détective de son état, est en planque du côté de Cernay-la-Vallée. Elle a suivi une piste depuis un petit troquet parisien pour découvrir et démasquer les malfrats qui font chanter son client. Oui mais voilà, à force de se planquer, elle est découverte et prise au piège, et devient en quelques instants la prisonnière des 7 masques, une association de malfaiteurs qui portent cagoules noires et loups aux couleurs de l’arc-en-ciel. Après l’avoir interrogée et soumise à la torture, elle va être exécutée !!
Victor Clairval est déçu : écrivain sans succès, il a décidé de s’essayer au roman populaire. Emporté par son imagination, sa belle héroïne Christianna se retrouve coincée dans une impasse dès le premier chapitre de son nouveau livre !
Il se rend dans un troquet à côté de la station « Cadet », où il a situé le début de son livre, à la recherche d’inspiration. Sans même avoir le temps de commander un café crème, une rousse bien roulée, qui prétend s’appeler Christianna le Kermeur et soi-disant détective de son état, fait son apparition ! Oui mais voilà, il n’y a pas que l’impulsive et entêtée (mais bien roulée) héroïne qui débarque dans la vie de l’écrivain : les 7 masques sont bien réels eux aussi, et entendent bien continuer leur petit racket !
Le roman de Victor s’écrit petit à petit, alimenté par la riche créativité de son auteur et les faits tout aussi originaux qui se déroulent dans sa vie. Entre réalité et fiction, Victor vit son roman, peut-être serait-il temps pour lui d’en imaginer la fin, avant qu’il ne devienne le personnage de sa propre création.

Je connaissais depuis longtemps le Jacques Sadoul lié à la science-fiction (qu’il a contribué à faire connaitre en en écrivant l’histoire et surtout au travers de son rôle à la direction de la collection Science-Fiction de J’ai lu !, ainsi que ses romans situés dans « le monde des rêves »), il était temps découvrir ses romans policiers (il a quand même reçu le Grand Prix du roman Policier en 1987 pour un autre de ses livres). J’avais eu l’occasion d’apprécier, dans ses romans de SF, son style direct et sans apprêt, son humour, son imagination. Et bien, quand Jacques Sadoul se lance dans le genre policier, l’effet est le même : l’histoire est drôle, l’intrigue haletante et imaginative, le rythme est soutenu, avec des retournements de situations incessants, des personnages hauts en couleur, et personne ne se prend la tête ! Sadoul jongle avec bonheur entre un héros un peu niais et qui perd toute capacité à utiliser ses neurones quand il fait face à un décolleté féminin bien garni, des femmes belles, pas farouches pour un sou, jalouses, et qui passent leur temps à s’habiller et se déshabiller plus ou moins sous la contrainte d’un révolver, des méchants très méchants adeptes de tortures chinoises ( !) et amateurs de loups vénitiens, des chauffeurs de taxis plein de ressources, des fausses comtesses et de vrais concierges… Bref, Sadoul nous ballade avec bonheur de la vallée de la Chevreuse au centre de Paris, en passant par les catacombes, et on le suit avec plaisir dans les courses-poursuites et les fuites des personnages principaux, au gré de rebondissements dont le burlesque n’est jamais loin.
Ce n’est pas un grand roman, ce n’est pas un grand thriller, mais c’est un livre rocambolesque, drôle, et qui tient en haleine jusqu’à la dernière page. C’est un excellent divertissement, et c’est déjà pas mal !