Dans le confessionnal et autres nouvelles
de Amelia Blanford Edwards

critiqué par Pierrequiroule, le 9 octobre 2012
(Paris - 43 ans)


La note:  étoiles
Sept "ghost stories" dépaysantes!
Si passer quelques heures en compagnie de fantômes ne vous effraie pas, ce livre est fait pour vous! Une fois de plus, la traduction de Jacques Finné remet à l'honneur une Anglaise qui s'est frottée -non sans succès- à la littérature fantastique.

Amelia B. Edwards (1831-1892) est un personnage marquant de l’époque victorienne, tant par ses écrits que par sa vie trépidante et anticonformiste au possible. Douée pour la peinture, la musique et l’écriture, elle cultive ses talents hétéroclites sans cesser de voyager, en Europe et au-delà. Elle devient ainsi une égyptologue de renom qui influencera des personnalités comme Howard Carter. Femme moderne dans une société conservatrice, elle affiche son homosexualité et milite pour le suffrage féminin.

En tant qu’écrivain, Miss Edwards publie des romans réalistes aujourd’hui oubliés, mais aussi des récits fantastiques: elle a ainsi collaboré à des magazines spécial Noël édités par Charles Dickens. Ces nouvelles s’inscrivent, pour la plupart, dans la lignée de la « ghost story » anglo-saxonne traditionnelle. Pourtant le recueil ne se cantonne pas à l’Angleterre victorienne; il nous entraîne en Suisse, en Autriche, en Italie et même au-delà des océans. Le souci du détail donne une coloration particulière à chacun des récits: on appréciera ainsi le vocabulaire de la marine, mais aussi les précisions géographiques ou ethnographiques apportées par l’auteure. C’est dans ce cadre apparemment bien « réel» que la dimension fantastique prend tout son relief. De plus, chez Miss Edwards, l’irruption du surnaturel met en avant des relations humaines problématiques : les amitiés brisées et les amours trahis nous montrent que le monde des vivants peut s’avérer plus effrayant que celui des morts.

Dans ce recueil, Jacques Finné a rassemblé et traduit sept nouvelles représentatives du talent de l’auteure.

-« Numéro trois ! » : où un meurtre se déroule dans un atelier de poterie.

-« Les îles au trésor » : une nouvelle exotique qui mêle efficacement le récit d’aventures, les revenants et une distorsion temporelle.

-« Les souvenirs du professeur Henneberg » : une nouvelle, à mi-chemin entre fantastique et philosophie, qui traite de la métempsychose

-« L’express de 16H15 » : où l’on apprend que les spectres prennent eux aussi le train.

-« Dans le confessionnal » : un village suisse sur le Rhin, en apparence paisible. En apparence seulement, car ici même les prêtres sont victimes d’apparitions sataniques, à moins qu’il ne s’agisse d'une jalousie trop humaine!

-« L’histoire de Katherine » : encore une trahison amoureuse qui aura de funestes conséquences, avec pour cadre la campagne autrichienne et ses idylliques sculptures sur bois.

-« Etait-ce une illusion ?» : nous revenons ici dans la lande anglaise aux côtés d’un inspecteur des écoles, mêlé -bien malgré lui- à un sordide secret de famille.

Les amateurs trouveront une autre nouvelle fantastique d’Amelia B. Edwards dans le recueil « Les fantômes des Victoriennes » : il s’agit de « Salomé », récit somptueux et mélancolique qui se déroule Venise.

Ne passez pas à côté de ce petit bijou du genre, découvert grâce à la formidable collection Domaine romantique (chez Joseph Corti).