Les marins perdus
de Jean-Claude Izzo

critiqué par Falgo, le 7 octobre 2012
(Lentilly - 85 ans)


La note:  étoiles
Quand la mer ensevelit l'amour
Un navire pourri, l'Aldébaran, est immobilisé à Marseille. Restent à bord trois marins: Abdul Aziz, le capitaine libanais; Diamantis, le second grec; Nedim, le radio turc. Désoeuvrés, ils ressassent rêves, espérances déçues et occasions manquées.
Au début du roman, la mer apparaît comme une métaphore de l'illusion, l'immensité-mythe qui a permis à ces hommes d'échapper à un destin plus ancré qui à la fois les attire (la femme aimée) et les rebute (l'immobilisme). Puis la ville de Marseille les appâte entre les mésaventures de Nedim, les souvenirs de Diamantis et les rancoeurs de Abdul Aziz qui s'entremêlent autour de personnages féminins presque aussi désorientés qu'eux.
Bien sûr, Marseille est le quatrième héros du roman. Izzo, qui aime sa ville et la connaît comme personne, en restitue malheureusement une image bien convenue: maquereaux, parrains du milieu et petit immigré indigne en sont presque les seuls représentants. A mon sens, cet aspect diminue le fort impact que pourrait avoir cette histoire puissante et sanguine.
Il reste le style d'Izzo à la fois poétique, argotique et réaliste, fait de phrases courtes et de formules percutantes. C'est ce qui manque sûrement à la transposition en bande dessinée critiquée en son temps par Bubulle. Rien ne vaut la stimulation de l'imagination procurée par le style d'un auteur.