Entretiens avec Simone de Beauvoir
de Simone de Beauvoir, Alice Schwarzer

critiqué par Shelton, le 6 octobre 2012
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
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Figurez-vous que je n’avais jamais lu d’ouvrages de Simone de Beauvoir alors que j’avais lu et apprécié quelques pièces de théâtre de Jean-Paul Sartre. Il fallait donc que je fasse preuve de bonne volonté pour connaître un peu mieux cette grande femme de nos lettres…

J’avoue que j’ai eu peur de me lancer dans « Le deuxième sexe » directement car je jugeais cette auteure sur la réputation qu’elle avait auprès de mes collègues de lycée… et ce n’était pas terrible !

Alors, j’ai décidé de passer par un livre intermédiaire, « Entretiens avec Simone de Beauvoir » d’Alice Schwarzer. Cette dernière est une journaliste allemande qui a eu la chance de fréquenter Simone de Beauvoir entre 1972 et 1982. C’est une militante féministe et elle limite ses questions à la lutte féministe, à la condition de la femme, à la femme de Beauvoir et, plus brièvement, au couple mythique Sartre-Beauvoir. Du coup, la lecture est facile, tout à fait adaptée à un « découvreur » de Simone de Beauvoir… tout en nous apprenant beaucoup sur cette femme !

C’est en lisant cet ouvrage que l’on mesure que Simone de Beauvoir est née en 1908, qu’elle est de la génération de Simone Weil (la philosophe), qu’elle avait déjà 28 ans à l’avènement du Front Populaire et que son dernier choix politique fut de voter, un peu à contre cœur, pour François Mitterrand, en 1981. Alors bien sûr, son féminisme n’est pas celui de la génération suivante et elle mit beaucoup de temps à accepter que des femmes se constituent en mouvement spécifique, voire même en parti spécifique comme ce fut le cas très peu de temps en Allemagne…

Pourtant, il ne faudrait pas croire qu’elle est absente de ce combat. Bien au contraire, elle en a livré dans « Le deuxième sexe » les fondements, les soubassements, les bases définitives. Oui, Simone de Beauvoir est féministe mais pas tenancière d’un féminisme qui pousserait les femmes à prendre la place des hommes, pire, de revêtir leurs défauts pour faire comme eux, en pire… Non, les femmes doivent changer le monde, refuser les contraintes et les pièges d’un machisme bien réel qu’elle refuse. Par contre elle émet des doutes sérieux sur le comportement de certaines femmes qui voudraient faire croire que le socialisme, la paix ou l’humanisation de notre société peuvent devenir des combats féministes. Non ! Il ne faut pas, d’après elle, confondre le combat des êtres humains (paix, socialisme, justice…) et celui des femmes qui veulent seulement être elles-mêmes !

Je ne peux pas vous dire que j’étais d’accord avec tous les arguments de Simone de Beauvoir, mais j’avoue que je sens avoir fait un pas dans la connaissance de cette grande femme par un livre composé de plusieurs interviews de grande qualité.

Depuis, j’ai lu des ouvrages de Simone de Beauvoir et je reviendrai vous en parler, promis !