Fusillé vivant: L'histoire fabuleuse de François Waterlot, ouvrier des mines, exécuté pour l'exemple en 1914, survivant, mort au combat
de Odette Hardy-Hémery

critiqué par JulesRomans, le 4 octobre 2012
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Non le fusillé n'est pas mort, ses bandes molletières tiennent encore
Comme le rappelle l’auteure page 40 de ce livre, Albert Thibaudet estimait à au moins cinq millions de lettres par jour le courrier échangé entre les soldats et leur famille (dans les deux sens). Cet ouvrage existe en grande partie à partir du très abondant courrier d’un personnage singulier François Waterlot né le 23 avril 1887 à Montigny-en-Gohelle, et mort pour la France le 10 juin 1915 à Colincamps. Alors qu’il est un soldat du 327e régiment d'infanterie, non loin de Sézanne dans la Marne il est fusillé pour l’exemple le 7 septembre 1914 sur l'ordre direct du général de brigade René Auguste Emile Boutegourd. Ils sont sept soldats du 327e à être ainsi exécutés sans jugement : Eugène Barbieux, Gabriel Caffiaux, Palmyr Clément, Alfred Delsarte, Gaston Dufour, Désiré Hubert et François Waterlot. Par un concours de circonstances François Waterlot qui a simulé avoir été atteint lors de la première salve, ne reçoit pas le coup de grâce et reprend le combat. « L’histoire de François Waterlot, telle qu’il la rapporte dans les lettres adressées à sa famille de 1914 à 1915, est fabuleuse : il est le seul rescapé d’une série d’exécutions de soldats perpétrées par les généraux lors de la Première Guerre mondiale sous diverses formes :
les uns ont été fusillés sommairement, les autres sans jugement, d’autres encore après jugement. Ces exécutions n’ont laissé aucun survivant. L’inverse, l’inattendu, se produit pour Waterlot ». Ce n’est pas seulement le parcours individuel de cet homme que cet ouvrage nous livre mais c’est toute la dimension des exécutions sommaires qui est posé. Sous la plume de son fils, un ouvrage rapporte les propos du capitaine Anatole Castex du 288e RI : « S’il n’y a pas de chef, les soldats ne voyant plus une autorité s’empressent de se mettre à l’abri. C’est pour cela que, lorsque l’on va de l’avant, on met les gradés en arrière pour fusiller au besoin ceux qui voudraient se défiler et c’est ce qu’il faut faire ». De multiples informations sur les conditions de vie et les pensées des poilus de ce premier tiers de la Première Guerre mondiale sont également fournies. Avec l’approche du centenaire du déclenchement de la Grande Guerre, des tentatives de réhabilitation de ces fusillés pour l’exemple pointent vigoureusement (à l’initiative en particulier de la Libre Pensée et de la Ligue des droits de l’homme), ce livre d’Odette Hardy-Hémery permet de se faire une opinion mieux éclairée sur le sujet.