America Alone : La fin du monde tel que nous le connaissons
de Mark Steyn

critiqué par Oburoni, le 3 octobre 2012
(Waltham Cross - 41 ans)


La note:  étoiles
Les Etats-Unis : dernier bastion libre ?
Canadien vivant aux Etats-Unis, Mark Steyn est un journaliste dont les articles sont publiés à travers tout le monde anglo-saxon. Républicain pur et dur (chrétien, anti-avortement, pro-flingues, le-changement-climatique-reste-à-prouver et tout le tintouin) il est connu pour ses prises de position tranchées, qui ne font pas dans la dentelle.

Caustique, rentre-dans-le-lard, on aurait pourtant tort de se priver de ses vues parce que, derrière sa prose ultra capitaliste bigot se dissimulent aussi quelques réflexions poil-à-gratter qui ne manquent pas de pertinence. C'est le cas ici, bouquin où, face à la montée de l'islamisme il dresse le certificat de décès de l'Occident -à part les Etats-Unis, à condition qu'ils fassent les bons choix ce qui, à son avis, n'est pas gagné. Cognant à tout va, du Canada à l'Australie c'est pourtant bel et bien le cas particulier de l'Europe qui l'afflige.

L'Europe ? Pourquoi l'Europe ? Parce que pour lui elle est de l'histoire. Finie. Balayée.

Le verdict peut paraitre exagéré et pourtant, il a des arguments difficiles à ignorer : continent aux taux de natalité qui s'effondrent et un égoïsme et un repli triomphant, qui abrite aussi une population musulmane en plein boom et qui se radicalise, vous voyez le cocktail ! L'Europe ? Finie qu'il nous dit.

Écrivant au vitriol, d'un style à l'humour ravageur et décapant, qui n'est pas sans irriter parfois le plus patient des lecteurs (je vous répète : c'est un Républicain pur et dur) le bonhomme pourrait passer pour un vulgaire paranoïaque, et pourtant !

Certes le livre a des défauts. On passera sur les erreurs idiotes -beaucoup de chiffres sans presque jamais citer ses sources ! (Cela dit les tendances qu'il dénoncent sont connues). Les raisons qu'il invoque pour expliquer le triomphe de notre apathie face à un monde en plein bouleversement en feront aussi bondir plus d'un. Par exemple, notre repli égoïste serait dû à des programmes sociaux qui font des citoyens des assistés, déconnectés de la réalité, 'drogués à l'Etat nounou' et défaitistes :

'les enfants et petits enfants de ces Fascistes et Républicains qui se sont battus lors d'une guerre civile pour l'avenir de l'Espagne maintenant se contentent de hausser les épaules lorsqu'une bande d'étrangers se fait sauter dans leurs capitales.'

Chrétien, il voit même dans la laïcité non seulement l'une des raisons de nos taux de natalité à la baisse mais, aussi, un vide spirituel que d'autres ne sont que trop avides de remplir ! Vous voyez le tableau.

Cela dit, il marque aussi pas mal de points, et c'est ce qui le rend intéressant.

Oui, nos taux de natalité s'effondrent face à ceux de musulmans, sur nos sols et ailleurs, en plein boom et qui se radicalisent. Oui, nos politiques sociales sont intenables à long terme, ce qui laisse présager du pire pour l'avenir de nos Etats nounous et bureaucratiques. Oui, le relativisme triomphant nous mène droit à une perte de notre identité et de nos valeurs, là où les islamistes, confiants, entretiennent une idéologie qui transcende les frontières. Oui, évidemment, tout les musulmans ne sont pas des intégristes sauf que, nos politiques irresponsables/suicidaires cèdent du terrain au prosélytisme islamiste (ne les rendant que plus crédibles, surtout chez les plus jeunes) alors que, ceux qui s'élèvent, eux, sont 'assassinés, forcés à vivre sous protection policière, poussés à l'exil ou poursuivis en justice au nom de lois antiracistes douteuses'. Bref : le tout lui fait paraitre l'avenir, le notre et celui de l'Islam auquel il semble lié qu'on le veuille ou non, en somme bien morose.

Loin d'être politiquement correct tout le monde en prendra pour son grade et, les Etats-Unis restent donc pour lui les seuls à pouvoir encore défendre ce qu'est l'Occident (liberté, démocratie, libéralisme, capitalisme). 'Si l'Amérique n'exporte pas ses valeurs, d'autres exporteront les leurs' et, quant on sait qui sont ces 'autres' espérons qu'elle ne fera pas certains des choix désastreux fait par le reste de l'Occident !

Un livre tout à la fois décapant, irritant et pertinent.