Londonistan: How Britain is Creating a Terror State Within
de Melanie Phillips

critiqué par Oburoni, le 30 septembre 2012
(Waltham Cross - 41 ans)


La note:  étoiles
Londonistan : cas d'école
La journaliste anglaise Melanie Phillips dénonce ici un paradoxe assez ahurissant : alors que la Grande-Bretagne a fait voeu de combattre l'islamisme, au point de s'allier moralement et militairement aux Etats-Unis dans leur guerre contre le terrorisme, elle n'en demeure pas moins un paradis des plus accueillant pour ces dits islamistes et terroristes.

Sur une population de 2 millions de musulmans (dans un pays qui compte environs 60 millions d’habitants), 16 000 sont soupçonnés de participer ou de supporter des activités terroristes, 3000 sont passés par les camps d'Al Qaeda, les organisations les plus disparates et haineuses y ont leurs sièges en plus d'être légales (alors que certaines, comme le Hib ut-Tharir, sont interdites dans les pays arabes) et, de Abu Qatada à Omar Bakri Mohammed en passant par Mohammed al-Massari et Abu Hamza (dont la mosquée de Finnsbury Park à Londres est depuis devenu le symbole de tout un problème) les prêcheurs de la haine de l'Occident au nom d'un fanatisme religieux y furent plus que bienvenus pendant plus d'une décennie, ayant une emprise considérable sur des musulmans britanniques jusque là paisibles et intégrés.

Pourquoi ? Comment ? Melanie Phillips plonge au coeur du problème en montrant que, si l'islamisme a pu y pulluler et grossir de la sorte c'est avant tout parce que, la société britannique, malade, a fait des choix sociétaux et culturels désastreux qui en ont affaiblis considérablement ses valeurs les plus chères, les rendant vulnérables face à ses pires ennemis.

Dans une analyse minutieuse, détaillée, elle expose les différents facteurs qui se sont combinés pour transformer un pays qui fut l'un des berceaux de la liberté en 'Londonistan'.

Le triomphe du relativisme culturel d'abord, né des philosophies postmodernes ayant envahi les mentalités gauchistes (on parle ici de la décennie du New Labour triomphant) et qui encouragea en effet le multiculturalisme. Ce dernier, vaste atteinte à la cohésion sociale et qui enferme des populations entières dans le communautarisme (dont elles cherchent pourtant à se sortir !) renforça un sentiment d'aliénation, d'exclusion et de non-appartenance grandissant chez certains, en particulier les jeunes générations d'immigrés. Ces sentiments d'exclusion les islamistes ont d'ailleurs su en jouer à merveille, eux qui bénéficièrent, aussi, d'une culture des Droits de l'Homme pervertie à l'absurde.

C'est en effet le même Human Right Act introduit par Tony Blair en 1998 qui, non seulement transforma la Grande-Bretagne en terre d'asile pour des fanatiques, la plupart condamnés dans leurs pays, mais, aussi, alimenta toute une culture de la victimisation, des droits à outrance, du tout et n'importe quoi et qui protégé au nom de la liberté... même les idéologies et comportements liberticides ! Le pire est que, c'est plus que tout un héritage, une culture qui furent trahis : dans un pays où le relativisme pousse aussi à la culpabilisation (sur le passé colonial et l'Empire) le simple fait de dénoncer les croyances de l'autre, même barbares et menaçantes est perçu comme étant 'raciste' ou, en ce qui nous concerne ici, 'islamophobe'. Tout un sens moral a été piraté par ceux-là même qui se disent défendre les libertés.

Une telle attitude, mariée avec une ignorance frappante de la véritable nature de l'islamisme (il s'agit d'un courant religieux, PAS d'une lutte politique ou économique, contre le capitalisme par exemple) ne fait que de jeter de l'huile sur le feu. En effet l'incompréhension terrible d'un phénomène religieux aide à confirmer, et donc légitimer, ce que les islamistes prêchent : la dénonciation de l'Occident comme menace à l'Islam, auxquels certains s'allient en pensant au capitalisme alors que eux ont les valeurs humanistes en tête.

Londonistan, comme elle le montre de manière pertinente et percutante apparait alors comme un triste cas d'école : le produit d'un cocktail dangereux entre relativisme culturel, multiculturalisme, une version perverse des Droits de l'Homme, une culture de la victimisation et qui, ajouté à des politiques d'immigrations irresponsables et une incompréhension face à un phénomène d'ordre religieux dessine le paysage stupéfiant d'une société qui, incroyablement, cède aux fantasmes de ses pires ennemis.

Leurs obsessions sont d'ailleurs devenues les nôtres -de l'antiaméricanisme à la question palestinienne- bien sûr pour des raisons différentes (naïves) mais, en effet, on voit maintenant converger une certaine gauche (celle partisane du relativisme) avec les intérêts des islamistes (involontairement évidemment).

Le livre n'est pas sans défaut, par exemple dans les solutions qu'elle propose (elle voit dans le postmodernisme la suite logique de la déchristianisation et, donc, prône une réaffirmation des valeurs judéo-chrétiennes comme socle unificateur) mais, au-delà, son analyse des causes de la montée du radicalisme en Grande-Bretagne est absolument brillante. À lire absolument parce que, il y a beaucoup à apprendre pour ne pas entretenir les erreurs commises, changer une fois pour toute cette culture relativiste et défaitiste qui préfère fuir les champs de bataille au lieu de s'élever. Superbe.