Scotland Yard 1800 , Tome 1: Au coeur des ténèbres
de Dobbs (Scénario), Stéphane Perger (Dessin)

critiqué par B1p, le 28 septembre 2012
( - 51 ans)


La note:  étoiles
For your eyes only
Quelques mots sur cet album parce qu'un album où a officié Perger doit TOUJOURS être chroniqué.
On a déjà tressé ici des couronnes de lauriers à ce dessinateur et à son scénariste de l'époque pour leur historiquement dense et graphiquement bluffante trilogie "Sir Arthur Benton". Oyé Oyé braves gens : le dessinateur tenant du titre est de retour dans un polar d'époque.

Dans les rues d'un Londres crépusculaire, les personnages de Conan Doyle sont de chair et d'os et Jack l’Éventreur marque toujours les mémoires. Au surplus, deux fous sadiques se font la malle lors d'un transfert de prisonniers qui tourne au vinaigre et l'inspecteur jugé responsable du fiasco est mis en quarantaine, relégué aux sous-sols de Scotland Yard. Qu'à cela ne tienne : grâce à ses deux nouveaux compagnons, dont une mystérieuse française, il traquera l'un des dangereux psychopathes d'une manière beaucoup plus efficace que le pauvre Lestrade. Il n'y a pas de temps à perdre puisque le passe-temps favori du forcené est de décapiter les femmes par de savants dispositifs mécaniques.

Je ne dirai jamais assez combien je suis gaga du travail de Perger : ce qu'il fait ce n'est plus de la bande dessinée, c'est de l'art.
Les compositions de pages sont ébouriffantes même si elles restent plus classiques que celles d'une trilogie dans laquelle il a aussi officié : Sequana.
Hosanna à Perger ! Les planches sont trop belles pour le commun des mortels, on se demande quelle bonne action on a faite pendant la journée pour mériter un tel enchantement visuel.
CEPENDANT,
l'histoire est ici d'une indigence assez remarquable, les personnages trop nébuleux et trop peu esquissés pour être attachants. De plus, les ressorts de l'histoire sont simplistes voire simplissimes.
Les planches sont certes d'une beauté plastique rare, mais elles échouent à créer une ambiance angoissante, ce qui aurait été nécessaire pour faire passer la pilule des défauts de l'album.

Alors oui. Ici, clairement, je reste sur ma faim et la déception est certaine. Mais que faire devant un talent graphique aussi remarquable sinon applaudir pour l'éblouissement, et en redemander ?