La Tyrannie de la pénitence : Essai sur le masochisme occidental
de Pascal Bruckner

critiqué par Oburoni, le 23 septembre 2012
(Waltham Cross - 41 ans)


La note:  étoiles
Contre le 'délabrement moral'
Nous vivons une époque ahurissante. Droits-de-l'Hommistes et humanistes garants du bien penser s'accordent en effet tous sur un point : la dénonciation de l'Occident et, toute pensée critique est uniquement tournée contre soi à un point tel que, on refuserait presque de l'appliquer aux autres -régimes, Etats, religions, cultures. Ceux qui sortent de ce carcan intellectuel, de ce conformisme écrasant sont d'ailleurs vite rappelés à l'ordre : insultés, on les taxe à-la-va-vite de 'communautariste', 'raciste' ou, encore, 'islamophobe' (mot dont Pascal Bruckner rappelle ici l'historique, pour ceux qui l’emploieraient à la légère...). Une chape de plomb a en effet fini par s'abattre sur nous, chape qui fait à merveille le jeu de nos ennemis.

'(...) si demain, par malheur, des terroristes faisaient sauter le métro parisien, détruisaient la tour Eiffel ou Notre-Dame (...) les bonnes âmes de droite ou de gauche nous intimeraient de battre notre coulpe : on nous frappe donc nous sommes coupables, alors que nos agresseurs sont en réalité des misérables qui protestent contre notre richesse insolente, notre mode de vie , notre économie prédatrice.'

Un état de fait ahurissant et le philosophe, brillamment, dans cet essai superbe qui se lit d'une traite nous offre des pistes, salutaires, pour sortir d'un tel 'délabrement moral'. Il cherche en fait à comprendre pourquoi en Europe, au lieu de défendre notre civilisation et ses valeurs face à des ennemis de plus en plus menaçants certains se joignent aux choeurs pour les dénoncer, pire : dénoncer ceux qui ont assez de fierté et de confiance pour les défendre -à savoir les Américains.

Il rappelle pourquoi nous n'avons pas à avoir honte de qui nous sommes. Il aborde l'anti-américanisme dans des passages qui, sans sombrer dans les béatitudes pro-américaines sont d'une justesse qui ne manqueront pas de faire mouche. Il s'interroge aussi sur le multiculturalisme avec une perspicacité qui ravira les anti-racistes (les vrais, pas les partisans défaitistes du politiquement correct et autre relativisme culturel).

À contre-courant du 'bobolchévisme' ambiant pour qui l'Occident est la source de tout les maux, une claque dans la figure de ceux qui, sans honte pour dénoncer leurs phobies s'allient avec les pires extrémismes sous couvert d'humanisme, Pascal Bruckner nous livre là un ouvrage salutaire. À lire... et à relire !
L'Occident et la volupté du repentir 9 étoiles

Notre vieux monde, depuis la chute du Mur de Berlin, s’est démobilisé. Une ambiance de repentir a succédé à l’euphorie du triomphe ! Au moment où le monde entier se précipite pour se partager les reliefs de notre société d’abondance, nous Occidentaux, nous nous complaisons dans un délabrement moral et dans la honte de nous-mêmes.
Voilà ce que ce livre se propose de développer.

C’est mon premier Pascal Bruckner et je peux vous assurer que ce n’est pas du tout le niveau « Café du Commerce ». Pascal Bruckner sait ausculter la société et son exposé est clair, incisif et convaincant, mais pas toujours facile à suivre.

Il base son analyse sur les écrits des faiseurs d’opinion et n’hésite pas à se poser en pourfendeur des idées à la mode : le relativisme, le multiculturalisme, le renoncement à nos valeurs et la perpétuelle repentance de l’Occident.
Je partage son avis sur pratiquement tous les points si bien que ma critique pourrait manquer d’objectivité mais, le moins qu’on puisse dire, c’est que Pascal Bruckner est un auteur à prendre au sérieux.

Dans sa démonstration j’ai apprécié particulièrement sa dénonciation du procédé qui consiste à traiter de raciste tout qui entreprend de juger l’Islam alors qu’il est de bon ton de dénigrer nos valeurs et, pour commencer, tout ce qui est chrétien.
J’ai apprécié aussi sa façon de dénoncer la lâcheté du Vieux continent qui fait porter à la diplomatie américaine tous les malheurs du monde mais qui abandonne aux autres la direction de son avenir.

Voila un livre tonique et engagé. Il n’est pas difficile à lire mais il nécessite de la part du lecteur quelques connaissances des événements historiques et sociaux depuis le début du siècle dernier. Ses arguments assénés parfois sans ménagement, pourraient irriter certains lecteurs alors que d’autres y trouveront de quoi conforter leurs convictions.

Saint Jean-Baptiste - Ottignies - 88 ans - 22 octobre 2012