Noces villageoises
de Nicole Filion

critiqué par Libris québécis, le 2 décembre 2002
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
La vie tumultueuse des longs fleuves tranquilles
Nicole Filion habite une petite ville de l'Est du Québec.
Son petit patelin l'a probablement inspirée pour écrire ce roman sur les moeurs des villageois. Souvent pour tromper leur ennui, ils sont portés à créer des chicanes, qui connaissent parfois leur dénouement devant les tribunaux.
C'est ce qu'a appris à ses dépens un couple venu s'établir dans une région éloignée des grandes villes pour qu'en toute tranquillité, le père s'adonne à la peinture, la mère à l'écriture et les deux enfants et le chien à leurs jeux.
En effet, le voisin a profité de l'arrivée de cette nouvelle famille pour contester leur droit de propriété sur le terrain vacant, dont il se servait illégalement pour y réparer des automobiles.
La mère entreprit tout de suite des démarches pour que l'on respecte le contrat de vente signé devant notaire. Elle mandata un avocat à cent euros / l'heure, elle rencontra tous ceux qui pouvaient lui fournir les documents anciens qui établissaient ses droits hors de tout doute. Mais elle comprit vite que sa cause était soumise aux magouilles qui entourent l'application de la loi. Bref, ce roman devient le procès de l’administration de la Justice du Québec.
L'injustice dont elle est victime ne l'empêche pas de s'élever au-dessus du débat grâce à son sens de la dérision. Elle reconnaît bien volontiers la naïveté qui l'a portée à croire qu'elle trouverait la tranquillité d'esprit loin des grands centres urbains. La vie villageoise n'est pas une noce comme le précise l'ironie du titre.
Malgré les déboires qui s'abattent sur cette famille, le roman n'est pas dépourvu d'humour. L'écriture vive de l'auteur entraîne le lecteur dans une course affolante, mais dérisoire dans les couloirs de nos palais de Justice.
Quoi, il n'y a pas que nous ?... 7 étoiles

Libris québécis nous met plus à l'aise en nous disant que les arcanes judiciaires ne sont pas moins grands, ni surtout moins longs, au Canada que chez nous. Voilà qui nous enlève un complexe, chose toujours agréable, mais qui n'arrange rien à nos problèmes respectifs.
Que dire quant au reste ? A petit village petits problèmes ? Certainement et "Clochemerle" nous l'a déjà montré. Une fois de plus voilà des gens confrontés à l'éternel humain. L'envie et le sentiment de frustration, d'iniquité se développe bien plus vite dans les petites communautés que dans les très grandes. L'effet de troupeau ne peut pas y jouer son rôle, tout y est par trop personnalisé. A chaque avantage ses inconvénients. Quelle dure lois de la vie !... Où trouver la paix, si ce n'est dans la foule la plus anonyme... A manquer de grands problèmes, l'homme s'en invente des petits et fait une fixation sur ceux-ci comme si sa survie en dépendait ! A croire que la paix et la tranquillité nous font peur par leur monotonie. Il est des gens qui peuvent ne pas survivre longtemps à la mort de leur pire ennemi, celui qui remplissait leur vie.

Jules - Bruxelles - 80 ans - 4 décembre 2002