Attraction terrestre
de Hélène Vachon

critiqué par Libris québécis, le 20 septembre 2012
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Un embaumeur qui a le goût de la durée
Comme disait Voltaire, nous vivons dans « un monde passable. » Ce roman est le testament d’une auteure, qui livre, à l’âge des bilans, les fruits de son expérience. Paradoxalement, c’est à travers un embaumeur que passe le goût de vivre. Un thanatopracteur qui se donne « le goût de la durée » en soignant les morts pour ne pas se sentir un « un croque-mort stérile ».

En fait, elle traite de la grandeur des humains que chacun se doit de respecter. Elle campe son propos à l’intérieur d’un édifice à logements, où s’enracine le quotidien de locataires tous interpelés par le sens de la vie. Ce petit monde constitue un microcosme, où les interrelations sont porteuses d’une vie « inaltérable dans ce que les gens sont les uns pour les autres ». Et c’est dans la mort que se saisit leur dignité. Comme l’écrivait le regretté Noël Audet, ce qui compte dans la vie, « ce n’est pas l’entrée, c’est la sortie ».

Son magnifique roman exalte la joie d’être unique dans ce que l’on peut apporter. Sans morosité, l’auteure nous convie à assembler un puzzle qui décoiffe avec ses interminables dialogues ou sa phraséologie syncopée : « La tuyauterie renâclait, ablutions.» Bref, Hélène Vachon ne porte pas sur le sujet le regard apitoyé du prêtre qui administre l'extrême-onction à un moribond.