En cuisine
de Monica Ali

critiqué par Yotoga, le 17 septembre 2012
( - - ans)


La note:  étoiles
back to reality
"En cuisine" c'est l'histoire d'une descente... ou peut être de la crise identitaire de la cinquantaine, en tout cas, d'une petite folie et surtout, ce livre est une critique du fossé entre les classes sociales anglaises.

Dans le monde d'une cuisine d'un restaurant renommé londonien, et derrière ce monde à paillettes des restaurants cotés, on reconnait le ton rude et les hiérarchies réelles, une équipe internationale, les bas-fonds de la société, certains sans-papiers et sans-abris. On passe des hommes de pouvoir riches aux inconnus qui se battent tous les jours pour survivre. Et chacun a son rêve, ce qui le fait tenir.

Sur cette trame de fond, la vie de Gabe, le chef, qui veut se mettre à son compte bientôt, ses déboires amoureux, son rapport avec ses parents, avec ses sponsors... Et puis un mort, une fille, un cancer, une rupture, et puis une autre...Et une renouveau magnifique, laissant au lecteur de l'Espoir.

L'auteur connait son sujet et a définitivement fait des recherches, un sans faute sur le monde de la restauration, de la prostitution, des tisserands...

A lire, sans modération
Les dessous cachés de la cuisine d’un grand restaurant, ... et de soi-même 8 étoiles

Le livre se passe largement dans cette cuisine et nous apprend une foule de choses intéressantes sur le sujet : la chaleur, la précipitation lors des périodes de pointe, la préparation en amont, les désagréments techniques, la promiscuité avec les plaisanteries douteuses et les bagarres, le cagibi étouffant du chef. Nous avons aussi des pages intéressantes sur la provenance des membres de cette brigade cosmopolite, travailleurs légaux, réfugiés ou clandestins qui vont de l’ancien médecin à l’ex-enfant soldat ou à la personne venue chercher expérience ou espoir de travail en occident.

Des pages plus nostalgiques nous racontent la filature qui ferme dans une petite ville de province et dans laquelle a travaillé toute sa vie le père du personnage principal qui est rongé par un cancer. C’est l’occasion aussi de parler de la maladie bipolaire dont il découvre que sa mère était atteinte alors qu’il trouvait qu’elle était absolument merveilleuse lors de ses phases d’exhalation. L’auteure nous décrit aussi le racisme ordinaire dans des quartiers qui changent progressivement de nationalité et où la population d’origine ne se sent plus chez soi, surtout avec les enfants d’immigrés en mal d’activité qui revendiquent leur différence.

La diversité des sujets abordés et leur justesse de ton est impressionnante sans jamais paraître forcée. Chacun d’entre eux s’intègre parfaitement dans l’histoire de cet homme qui, la quarantaine passée, se met à réfléchir sur le choix de sa profession, de ses désirs, de la direction qu’il veut donner à sa vie.

IF-1012-3957

Isad - - - ans - 6 octobre 2012