Bastien Vivès, Tome 2 : La famille
de Bastien Vivès

critiqué par Shelton, le 14 septembre 2012
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Ah, la famille... tout un programme !
On peut voir la famille de façon multiple. Certains y voient une institution sacrée, inviolable et intouchable, un organisme qu’il faudrait protéger comme on tente de sauvegarder les espèces animales en voie de disparition. D’autres, perçoivent une cellule vivante qui change avec le temps, s’adapte, évolue… mais ne meurt jamais même si elle ne ressemble plus à la famille d’antan ! Il en existe même qui oublient la famille en tant que structure pour ne parler plus que d’un lieu d’amour, de transmission, d’accueil de la vie… Et il y a Bastien Vivès !

Oh, dans le fond, Bastien appartient peut-être à une des catégories susnommées, mais il a décidé dans ses dessins de ne plus voir la famille avec l’œil de l’analyste sérieux et angoissé, mais seulement avec l’œil et le crayon liés pour capter des instants magiques, ceux qui font rire… puis réfléchir ! Il a puisé, de toute évidence à plusieurs sources. Il doit y avoir ce qui vient de de ses souvenirs d’enfant – oui, il fut bien un jour dans une famille et il peut en rire – tandis que d’autres « gags » sortent de ce qu’il voit autour de lui – et comment ne pas imaginer Bastien Vivès observant ses amis parents ! Enfin, certains morceaux de récits relèveraient plus du l’angoisse vivèssienne : à quoi va ressembler « ma famille », que dirai-je à mes enfants de plus fin que ce que mon père m’a dit, ne serai-je pas dépassé par cette tâche d’éducation qui m’incombera quand l’enfant me dira « pourquoi » ?

Le résultat est de très bonne qualité puisque le père averti et expérimenté se souvient de sa vie tout en se disant « Tient, ça je le vais le faire lire, l’air de rien à mon fils ! », parce que celui qui est en plein dans l’éducation de ses enfants va se reconnaître à toutes les pages ou presque tandis que, enfin, le dernier prendra peur et dira « Je ne suis plus très sûr de fonder une famille ! »… Beaucoup d’exagération dans mes propos ? Pas certain…

Mais j’entends déjà toutes les femmes crier qu’elles se sentent lésées puisque je ne parle que de père ! Oui, c’est vrai que le père est très présent dans l’histoire, à commencer par celui qui va tenter d’expliquer à son jeune fils, dès le début de l’ouvrage, ce qu’est une turlutte… mais, dans une famille il n’y a pas que le père et on va croiser d’autres personnages tous aussi drôles et sérieux les uns que les autres…

Le résumé, le nœud de la famille est résumé dès la couverture, dans ce dialogue interne et intime du frère et de la sœur, ce que les grecs avaient exprimé brillamment dans leurs grandes tragédies :
- J’aimerais tellement me marier avec maman, si seulement y avait pas papa !
- J’aimerais tellement me marier avec papa, si seulement y avait pas maman !

Tout est dit, il ne vous reste plus qu’à rire et vous laisser aller à quelques minutes de détente autour d’un sujet important car la famille – quelle que soit la définition que vous lui donnez – est et restera un lieu de construction, d’éducation, d’épanouissement – ou, malheureusement aussi pour certains, de destruction – qui laisse tellement de traces que le simple fait de l’évoquer ne laisse personne indifférent. Alors, autant en rire !