Stabat Mater
de Tiziano Scarpa

critiqué par Cecilg, le 11 septembre 2012
(Nantes - 48 ans)


La note:  étoiles
Une musique qui vibre longtemps
Un véritable coup de coeur pour ce roman, traduit de l'italien.

Cecilia vit dans un orphelinat à Venise, mais pas n'importe lequel, car il est celui de la Piéta. Elle y a reçu un enseignement à la musique et les musiciennes de la Piéta ont connu une grande renommée et pour cause leur maitre a été Vivaldi lui même. Ce livre est avant d'être un hymne à la musique, une recherche des racines, une recherche de ce que peut être une mère. Cecilia écrit quotidiennement à la mère qu'elle n'a jamais connue et s'interroge. Elle dialogue aussi avec une mystérieuse femme à la tête aux serpents. Puis ce quotidien est bouleversé par l'arrivée d'un nouveau maitre aux cheveux roux : Vivaldi. La rencontre entre les deux personnages est explosive et au delà des quatre saisons c'est toute la nature et la musique qu'elle contient qui rentrent dans notre corps à la lecture de ce livre qui continue de résonner en nous longtemps après.
Il est à découvrir de toute urgence.
La souffrance d'une pensionnaire avant la richesse de la musique 5 étoiles

L'hospice de la Piétà de Venise constitue le cadre unique du déroulement du récit.
Cécilia, pensionnaire de cet établissement depuis qu'elle y a été déposée depuis sa naissance, par celle qu'elle suppose être sa mère, passe la plus grande partie de son temps, avec plusieurs de ses compagnes, à pratiquer le violon.
Elle baigne tout à la fois dans une rigueur religieuse et une ambiance musicale aussi stéréotypée et étroite que la vie quotidienne. Cela reste toutefois son seul moment de joie et d'ouverture au-delà des murs qui lui limitent sa vision du monde.

La première partie, qui constitue un bon deux tiers du livre, expose la vie dans cet orphelinat. Cette longueur s'explique par la présence récurrente et détaillée des échanges que Cécilia a la nuit avec une voix qui semble être celle de sa mère.
Pour ma part, cet aspect a été assez pénible. On peut comprendre que c'est un moyen pour l'auteur de faire exprimer par Cécilia ce qu'elle ressent mais tout cela est beaucoup trop long et répétitif. Par moment, j'ai même eu l'impression de m'être égaré dans un roman fantasy tant ce personnage hors champ est omniprésent, obsédant même.
Au final, cela n'apporte rien ni au descriptif de la vie dans cet établissement, ni dans la place de la musique.
Enfin, arrive le dernier tiers où, enfin, Vivaldi apparaît, ce qui, d'après la quatrième de couverture, devrait constituer l'ensemble de l'ouvrage.
Là encore, le lecteur reste sur sa faim car le travail de Vivaldi ne constitue pas le contenu majeur.

Au final, un récit qui aurait beaucoup gagné à être expurgé de toute cette partie rencontre avec les esprits. La musique apparaît tout au fil du récit mais en décor plutôt qu'en fil rouge.
Il en est de même pour la partie concernant Vivaldi.

L'intention de l'auteur était de rendre hommage à cette institution et ses filles qui ont beaucoup apporté au rayonnement de cette musique.
Pour moi, quelque chose ne fonctionne pas. En quoi cet ouvrage rend-il hommage à ces filles alors qu'il ne parle quasiment que d'une seule ? en quoi rend il hommage à la musique de Vivaldi alors qu'il n'y consacre que quelques pages en fin d'ouvrage ? En quoi la quatrième de couverture est en rapport direct avec la réalité du récit ? En quoi l'introduction de la zombie avec laquelle parle Cécilia apporte quelque chose ?
Nous sommes plutôt dans l'expression de la douleur de la pensionnaire où la musique lui apporte un peu de soulagement.
Ceci est d'autant plus dommage que l'auteur sait écrire et nous réserve de très beaux passages.

Je ne le relirai pas, je ne le recommanderai pas mais je garderai de très très beaux passages d'écriture.

Mimi62 - Plaisance-du-Touch (31) - 71 ans - 22 septembre 2023


STABAT MATER - Tiziano SCARPA 10 étoiles

Voilà un véritable petit bijou italien ! Il a obtenu en 2009, le prix Strega, correspondant au Goncourt français. Par le biais d’une écriture épistolaire, une fillette émeut le lecteur avec autant de force que le musicien peut être secoué par le Stabat Mater de Vivaldi. Dans la virginité de son cœur, une âme d’enfant livre à sa maman l’intensité de son chagrin et la profondeur de ses réflexions avec une sensibilité exacerbée par l’absence, et une souffrance rendue infinie par un sentiment d’abandon. Pourtant pas une once de misérabilisme dans ce chef d’œuvre, seulement les yeux candides d’une enfant et l’arrivée toute en harmonie d’Antonio Vivaldi.

Pommette - - 71 ans - 27 janvier 2013