Frédéric, le roman de Chopin
de Gilles Laporte

critiqué par Deashelle, le 28 août 2012
(Tervuren - 15 ans)


La note:  étoiles
Le roman de Chopin
« Frédéric » de Gilles Laporte

Où sont dévoilées les origines lorraines de Fréderic Chopin. Où l’on découvre une lecture pleine de saveur car la plume chatoyante de Gilles Laporte est au rendez-vous. Où l’on se prend à aimer la Pologne natale du compositeur et se passionner pour l’âme slave. Où l’on changera d’avis à propos de George-Aurore la générale d’armée des prétendants et autres courtisans. L’auteur présente avec passion et un certain sens théâtral de nombreux extraits de correspondance intime de Chopin, Sand et leurs amis de l’époque. On se retrouve devant un tissu de citations haletantes comme pour nous rappeler la toux incessante de l’homme qui s’est fait ange. Jamais plus, quand on verra jouer les œuvres prodigieuses de Chopin sous les doigts de la fougueuse Martha Argerich, de Krystian Zimerman, Murray Perahia, Daniel Blumenthal ou même l’ingénu Rafał Blechacz, on n’oubliera l’image de ce compositeur jeune, fabuleusement diaphane tant la musique le transforme en essence précieuse, la mèche blonde, l’œil clair et la dégaine d’un éternel étudiant. La malédiction du chiffre 7 et sa mort pathétique. Un Raymond Radiguet de la musique. On le suit avec délices dans sa prime enfance si prometteuse, on voit dès son arrivée à Paris, atteint du même mal qui lui enleva sa petite sœur quelques années plus tôt. On voit son courage, sa détermination à donner ses leçons, courir les concerts et composer sans relâche car la vie est bien trop courte. Ne pas dormir, se vêtir à peine, boire de l’eau de gomme pour tout traitement. Il brille éphémère comme un feu d’artifice flirte avec le génie humain et confie ses sentiments les plus intimes à son piano. « Moi, je ne cherche qu’à exprimer l’âme et le cœur de l’homme. Fryderyk Chopin » Mais à chaque pas on souffre avec lui de sa lente consomption.

Gilles Laporte, véritable caméléon de l’histoire, fait revivre une époque grâce à une écriture qui émerveille, une imagination débordante, une langue flamboyante. Un bienfait pour les lecteurs du 21e siècle, un gâteau de langue française moelleuse, imagée, métaphorique à souhait. Salé ou sucré qu’importe, c’est la saveur qui reste, il a vraiment le don de la formule… qui dépasse de loin les extraits dont il émaille son œuvre. Autre plaisir : pour les amoureux de George Sand (femmes et hommes compris) il la dévoile dans son amour de l’absolu, sa mâle féminité, sa passion pour l’écriture et le mouvement des idées. Mais aussi dans ses démons, sa jalousie cuisante pour sa fille Solange, sa générosité éphémère et son égoïsme foncier, et surtout sa capacité noire et hypocrite de rejeter ceux qu’elle a encensés. On referme le livre avec douceur, pour le prêter à ceux qu’on aime.