Prélude à l'aventure
de Henri Vincenot

critiqué par Hexagone, le 24 août 2012
( - 53 ans)


La note:  étoiles
Prélude à l'oeuvre de Vincenot.
Henri Vincenot nous a quittés en 1985, il aurait 100 ans cette année.
La ville de Dijon consacre d'ailleurs en ce moment plusieurs expositions à Vincenot.
Sa fille Claudine a repris le flambeau de l'aventure Vincenot et assure régulièrement des éditions de l'oeuvre de son père.
Prélude à l'aventure est un des premiers écrits de Vincenot.
Nous avons tous à l'esprit l'image de ce vieil homme moustachu, à l’accent bourguignon bien prononcé, porteur de gilet de laine aux motifs chatoyants.
Dans ce récit, Vincenot a 29ans et va avec se petite famille vivre isolément dans une bicoque en montagne bourguignonne.
La vie est spartiate chez les Vincenot, Henri coupe du bois tout l'hiver, la mère assure l'intendance du foyer et les enfants se développent au sein de ce foyer rustique, d'un autre temps.
Vincenot a déjà ce tempérament bien trempé, le sang vif, les idées claires et bien arrêtées sur la vie, la nature et les hommes.
Exilés aux confins des montagnes bourguignonnes, Vincenot s'est lancé un défi, relever des ronciers et de la ruine, une ferme cistercienne enfouie dans une combe.
Il en fait son grand rêve, et pense réaliser au travers de cette oeuvre son destin d'Homme.
Paganiste quand il observe la nature et ses lois séculaires de vie et de survie, chrétien critique quand il s'agit d'inculquer la prière à ses enfants et de décorer de saints les murs de la maison, Henri Vincenot possède déjà tout le charme qui fera sa faconde et le pittoresque de ses futurs livres.
Ainsi "prélude à l'aventure " lève le voile sur l'intimité des Vincenot.
Les rudes hivers dans la bicoque, les rapports de l'homme avec cette nature juste, qui paraît à certains hostile, l'amour d'un homme pour sa femme et ses enfants, le souci d'un père sur l'héritage spirituel qu'il laissera à sa progéniture, tout cela dans un style pas encore maîtrisé mais qui évoque avec brio les thèmes fétiches de l'auteur.
L'amour du travail dans la nature, le goût du sacré dans tous les revers que peut faire endurer la nature, tout cela relié au sacré.
Plaisant à lire, l'ouvrage est ponctué de croquis représentants l'environnement de l'auteur.
Ce livre ravira comme moi les inconditionnels, pourra décevoir ceux qui ne connaissent pas encore l'auteur et qui pourraient se faire une fausse idée de ce qu'est le style Vincenot.
Claudine a-t-elle encore de ces inédits dans ses tiroirs, difficile de ne pas le penser, tant Vincenot semblait prolixe, est ce souhaitable que ses oeuvres soient publiées de manière posthume ?

En tout cas cela m'a fait plaisir de découvrir une nouvelle facette de l'auteur et de me conforter dans le choix que j'ai fait depuis longtemps de le considérer comme un de mes auteurs favoris.