Les Voisins de l'horizon
de Didier Cornaille

critiqué par 1971, le 20 août 2012
( - 53 ans)


La note:  étoiles
La fête des voisins
Ce n'est pas un grand secret de savoir que je suis un inconditionnel des romans de terroir, régionalistes, du cru.
Dans ce genre littéraire il y a foison d'auteurs et certains sont plus emblématiques que d'autres, j'y viendrai plus tard.
Que nous propose ici Didier Cornaille, auteur que j'ai découvert par pur hasard au gré de mes pérégrinations ouébiennes.
Avec un nom d'auteur aussi rugueux que la rocaille et aussi dur que la corne, l'entrée en matière patronymique m'avait séduite.
C'est l'histoire d'un bûcheron morvandiau, rustre, fruste, vieil ours mal léché qui n'a jamais mis son nez plus loin que le bout du chemin de son champ ou paissent ses vaches.
Trop content de débiter des stères de bois en veux-tu en voilà.
Soudain des signes apparaissent ! Mal-faisants, mystérieux, singuliers et pour le moins curieux.
Deux traits bien nets et parallèles, rouge et blanc.
Ils apparaissent aux quatre coins du périmètre vital de Lazare.
Il s'agit des fameux symboles des GR, en l'occurrence celui qui relie Saint Jacques de Compostelle.
Des étrangers munis de leurs bardas traversent le pays et si au début Lazare émet des réserves, le bougre se trouve bien vite intéressé et attiré par ses drôles de citadins qui marchent.
De fil en aiguille, Lazare va vendre ses vaches, mettre la clef sous la porte et partir avec Delphine sa mule et son chien " Le chien " à quoi peut servir un nom pour un chien !
Autant le dire les premières pages sont poussives et comblées de poncifs sur la rusticité campagnarde, mais petit à petit l'auteur se libère et s'engage sans retenue dans son roman.
L'histoire d'un violoneux du Morvan qui raconte ses " balivernes " qui s'est mis martel en tête de rejoindre St Jacques à pied.
Au gré des haltes, des rencontres, des échanges, le destin de Lazare va être tourneboulé par sa rencontre avec Paul, mystique égaré de la ville qui rêve aux destins des bâtisseurs de cathédrales.
Didier Cornaille a réussi l'amalgame des oeuvres de Vincenot " Les étoiles de Compostelle ", de Bernard Clavel " L'Hercule sur la place ", Claude Michelet " Des grives au loup " et Christian Signol pour ne citer que les plus connus.
Le rapprochement avec Stevenson et son voyage au travers des Cévennes avec un âne et omniprésent au travers le la bonhommie de Delphine. Il manque un maître à Didier Cornaille c'est Maurice Genevoix l'irremplaçable.
Au final j'ai beaucoup apprécié ce livre qui retrace le long cheminement d'un homme qui se lève pour marcher, rencontrer les autres et se révéler à lui même et comprendre le sens de sa vie.
Très appréciable lecture, je recommande vivement.