L'inspecteur de nuit
de Frederick Busch

critiqué par Tistou, le 20 juin 2018
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Chaotique
Vraiment chaotique, une lecture plutôt difficile à enchaîner. Frederick Busch saute allègrement des étapes, passe sans vergogne d’une époque à l’autre, n’a pas trop le souci du confort du lecteur. A l’instar de « Filles », pourtant, dont je conserve une profonde impression, Frederick montre d’indéniables qualités pour l’écriture et la psychologie de ses personnages mais pourquoi mener l’histoire dans un tel brouillard ?
Nous sommes après la guerre de Sécession, après 1865 donc, dans un New York de bas-fonds qui prend son essor depuis les rives de l’Hudson, où tous les coups sont encore permis du moment qu’on s’enrichit, où si l’esclavage a été aboli l’exploitation des hommes – et des femmes – bat son plein et où les séquelles de la guerre se font encore sentir.
Séquelles ? Justement William Batholomew en traîne une sacrée : il n’a plus de visage. Il a fait la guerre comme tireur d’élite de l’Armée nordiste, a tué plus qu’à son tour et puis s’est fait rattraper par une méchante balle qui lui a explosé la face. Depuis il vit avec un masque. Et traficote, vivote dans un monde décidément sérieusement interlope.
Frederick Busch se fait un plaisir d’écrivain sur ce coup – là puisqu’il fait carrément se rencontrer (et rentrer en affaire) William Bartholomew et un inspecteur des douanes, inspecteur de nuit, ni plus ni moins que le grand Herman Melville, dans le genre écrivain un peu déchu. (On voit d’ailleurs passer aussi Charles Dickens en tournée de conférences !)
Au fil de circonvolutions toutes plus obscures les unes que les autres, une alliance de circonstance va rassembler William, Herman, Adam un ancien esclave sauvé d’un lynchage par William nuitamment sur les quais d’Hudson et Sam, un des soldats qui escortait pour le protéger le William tireur d’élite de la guerre, devenu journaliste ou du moins désirant le devenir. Une noble cause va les rassembler ; sauver des enfants noirs d’un trafic d’enfants.
Mais rien n’est simple. Et le New York des années 1865 – 1870 parait sacrément malsain et … et Frederick Busch avait décidé de toutes façons de nous désorienter. Eh bien c’est gagné ! Désorienté je fus mais du plaisir à lire « L’inspecteur de nuit » pris quand même.