L’auteur a longuement cherché le bon angle pour évoquer le personnage de Spinoza. C’est par le biais du théoricien du nazisme, Rosenberg, qu’il a finalement trouvé la clef : une biographie croisée mettant en scène le philosophe et le nazi avec cette interrogation attribuée au second « comment un juif a-t-il pu inspirer les plus grands penseurs allemands et occidentaux ? ».

Il y a peu de sources sur la vie personnelle de Spinoza et l’auteur a romancé celle de Rosenberg. Malgré cela les conversations qui constituent le cœur du roman nous apprennent beaucoup sur les pensées et la psychologie de ces deux hommes, qui représentent deux faces de l’humanité, la lumière et l’obscurité.

Elko - Niort - 48 ans - 14 novembre 2021

Un livre vraiment passionnant avec deux trames narratives qui se répondent à des siècles d’écart : la vie romancée de Spinoza, et celle de l’idéologue nazi Rosenberg qui s’est intéressé au grand penseur juif.
Irvin Yalom s’appuie sur sa formation de psychothérapeute pour nous faire pénétrer la psychologie et la vie intérieure des deux protagonistes (avec un peu de lourdeur parfois et des dialogues qui fleurent trop la psychanalyse pour être naturels, surtout au XVIIème siècle !). Bien qu’entrelacés de façon un peu artificielle, les deux récits sont faciles à lire, intéressants au niveau historique et m’ont donné l’impression pour la première fois de comprendre Spinoza. Côté pédagogique, j’ai apprécié aussi les derniers chapitres qui expliquent comment lui est venu l’idée du livre et quelle est la part d’invention et de fiction dans son roman.

Romur - Viroflay - 51 ans - 28 février 2021

Irvin Yalom a eu la brillante idée de faire cohabiter dans un même roman Bento Spinoza, le philosophe du XVIIe siècle qui a influencé des générations de penseurs et Alfred Rosenberg, l’un des hommes à l’origine de l’idéologie nazie prônant l’antisémitisme, trois siècles plus tard.
On est ainsi transporté entre deux époques dans des vies que tout oppose. Et pourtant, l’auteur a décidé de les confronter en se servant de la fascination de Rosenberg pour le philosophe. D’un côté, il rend parfaitement accessible la pensée de Spinoza, hyper-rationaliste en quête de bonheur et excommunié de la communauté juive d’Amsterdam. Et de l’autre, il tente de comprendre Rosenberg à travers la psychanalyse et la vie qu’on lui connaît. C’est très bien écrit et absolument passionnant ; On ne s’ennuie pas une seconde grâce au rythme soutenu et aux dialogues philosophiques très abordables. Une bien belle découverte et une excellente initiation à la philosophie de Spinoza.

Psychééé - - 36 ans - 9 janvier 2021

J’avais raffolé de « Apprendre à Mourir », je me suis délecté de ce roman qui apporte un plus par rapport au précédent car il raconte deux histoires en parallèle, alors que « La méthode Schopenhauer », (second titre de ce livre ) évoquait surtout passivement la biographie du philosophe allemand dans le cadre d’une solution à apporter à des problèmes psychologiques de différents personnages contemporains.

Ici on découvre qui était Baruch Spinoza qui a vécu au 17ème siècle et qui a influencé de nombreux et grands auteurs du 18ème et 19ème. A ce philosophe, l’auteur greffe le récit du tristement célèbre idéologue illuminé du National-socialisme, Alfred Rosenberg, né en Estonie à la fin du 19ème siècle mais ethniquement lié aux minorités germaniques peuplant l’Est de l’Europe à cette époque et qui fût pendu en octobre 1946 à l’issue du procès de Nuremberg.

Cet érudit, malgré son patronyme qui évoque de possibles ascendances juives, embrasse très tôt et très passionnément les idées antisémites mais qui est aussi séduit par la pensée de Spinoza, ce juif rebelle qu’il croit comme lui profondément athée.

L’esprit critique de ces deux personnages est analysé par Irvin Yalom qui fait de son ouvrage une œuvre à caractère plus philosophique que psychologique. De nombreux dialogues sont une véritable délectation visant à démontrer qui a raison ou tort sur des thèmes liées à la liberté, la foi et les raisons de croire en Dieu.

Le sens qu’il faut donner aux mots, la force de l’analyse critique et la volonté de se démarquer des dogmes sans fondement ou basés sur des intérêts personnels sont les moteurs de cet ouvrage qui combine formidablement le plaisir de lire avec le pouvoir de faire découvrir le penseur majeur qu’a été Spinoza. Ceux qui y verront une critique de la religion se trompent car bien que considéré (à tort) comme athée, Spinoza était davantage contre les religieux que contre le Dieu des juifs.

Une œuvre littéraire à côté de laquelle il ne faut pas passer.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 5 janvier 2017

Contrairement à d'autres de ses romans ("Mensonges sur le divan", "Et Nietzsche a pleuré"), l'humour en demi-teinte, si typique de cet auteur, a disparu. Car l'heure est grave. Il s'agit rien de moins que d'une remise en cause de l'essence même de la religion, la croyance en un "au-delà" et en l'origine divine de textes sacrés. Le célèbre philosophe Spinoza, rejeté par la communauté sépharade d'Amsterdam, croyait en la Nature (à laquelle il identifiait Dieu) et rejetait toute idée de vie après la mort. Ses textes, sur lesquels transpirent encore aujourd'hui nombre de bacheliers, ont inspiré maints philosophes, parmi les plus grands, et sa vision humaniste et universaliste est toujours d'actualité, d'autant plus en ces temps où la religion devient prétexte à régler ses comptes. Irvin Yalom met en miroir les destins de deux personnages que tout oppose au-delà des presque quatre siècles qui les séparent. Le théoricien nazi Alfred Rosenberg, qui a contribué à l'ascension prodigieuse d'Adolf Hitler, se posait un problème à propos de ce Spinoza, vénéré par Goethe, dont il était persuadé qu'il ne pouvait pas être tout à fait juif avec une intelligence aussi brillante. La question qui est en filigrane dans ce double récit, mêlant faits réels (historiquement avérés) et imaginaires (des personnages viennent s'ajouter, générant discussions et polémiques), est bien : qu'est-ce qu'être juif ? Sans apporter de réponse, l'auteur fait ce qu'il sait si bien faire, nous raconter une histoire, mais avec intelligence, en laissant le lecteur, comme un de ses patients sur le divan, apporter lui-même ses réponses.

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 13 août 2016

Rien à rajouter aux deux premières critiques qui détaillent avec justesse cette œuvre très fouillée.
Pour ma part j'ai beaucoup appris dans ce livre et grandement apprécié la construction de la corrélation entre les deux personnages clés : Rosemberg et Spinoza.

Toutefois j'ai ressenti moins de ferveur que face à "Et Nietzsche a pleuré" ainsi que "Mensonges sur le divan".
Le point positif est qu'on sent que Irvin Yalom est aussi capable de varier les styles.

Monocle - tournai - 64 ans - 24 décembre 2015

Ce roman nous offre deux portraits, celui de Spinoza, le penseur juif hollandais, excommunié à Amsterdam au sein de sa communauté, et 3 siècles plus tard celui d’Alfred Rosenberg l’antisémite furieux. On suit ainsi leur vie quotidienne que l’auteur nous présente par chapitres alternés.

Mais qu’est-ce qui relie Baruch Spinoza le philosophe révolutionnaire à Alfred Rosenberg, l’idéologue et conseiller d’Hitler ?

Rosenberg, inspirateur de la doctrine nazie ne parvient pas à comprendre comment le grand Goethe, son phare et modèle, ce pur Allemand, a-t-il pu être l’admirateur inconditionnel du philosophe juif vivant au siècle précédent … et c’est le problème Spinoza !

Un problème que Rosenberg, fasciné par Spinoza, essaya de résoudre en tentant de déchiffrer ses écrits, puis en s’emparant de sa gigantesque bibliothèque.

Spinoza pose également un problème à Irvin Yalom ! Comment ce sage, immergé dans la communauté juive d’Amsterdam a-t-il pu se distancier de la religion, de ses clercs et de ses rituels pour devenir épicurien. Comment a-t-il pu prôner un panthéisme selon lequel Dieu et Nature ne feraient qu’un et que l’avènement du messie ne serait qu’une fable ! En conclusion, Spinoza m’apparait ainsi comme un surprenant précurseur de la libre pensée contemporaine !

Le romancier reconnait avoir pris quelques libertés avec l’Histoire en inventant, pour la propre édification de ses lecteurs, des interlocuteurs psychothérapeutes recueillant les états d’âme de Spinoza et de Rosenberg, alors qu’à la vérité, ces personnages furent de grands solitaires.

C’est en fait l’opinion d’André Gide retrouvée dans ce livre, selon laquelle il voyait « le roman comme de l’histoire qui aurait pu être, et l’histoire comme un roman qui avait eu lieu » !

N’était-ce quelques longueurs évitables, cet opus m’est apparu prodigieusement instructif, à la fois sur le plan des idées philosophiques véhiculées au 17è S., et sur celui des faits historiques vécus par les proches d’Hitler.

Ori - Kraainem - 88 ans - 22 mars 2013