Charenton non stop
de Pierre Siniac

critiqué par Botchman, le 7 août 2012
( - 52 ans)


La note:  étoiles
Un pur moment de jubilation !
On ne parlera jamais assez de Pierre Siniac ! Autant vous le dire toute de suite, c’est mon auteur favori. Il est unique et inclassable. Le polar un peu barré est son registre.

Mes œuvres préférées, sachant que sa production est assez abondante, sont Femmes blafardes (son chef-d’œuvre ? ) et Ferdinaud Céline. C’est 100% subjectif bien évidemment et je ne suis pas à l’abri de changer d’avis demain matin.

L’excellente revue 813, une référence dans le genre, lui a consacré un numéro spécial il y a quelques années. C’est dire…

Charenton non-stop est un très bon cru. Le héros, Akaky Akakievitch Loupliadine, sort de prison et souhaite se venger de l’amant de sa femme. Au cours de ses aventures, Akaky va récupérer une étrange voiture sans marque. Celle-ci a un pouvoir qui se révèle tous les 317 km.

C’est fou, absurde mais superbement raconté. On sent bien que l’auteur a pris beaucoup de plaisir à raconter ses délires. Et c’est communicatif ! Ca ne ressemble à rien de connu. Et je pense qu’aujourd’hui personne n’oserait écrire un truc pareil. Qu’est ce que c’est bien !

Les premières lignes :

« Une chemisette imitation soie guère plus épaisse que du papier-tasses, un falzar aussi léger que de la dentelle de gaufrette, et la veste de mon petit costard à trois ronds prête à s’envoler et que je devais retenir quand y avait du zef, c’était vraiment tout ce que j’avais su l’cul quand je suis sorti de cabane.
Cette fois, c’était pas la perme de détente, mais la vraie liberté. On était en plein hiver et la perspective de me geler le tralala à chercher du boulot ne me donnait pas du tout envie de danser le jerk.
Il gelait à pierre fendre, tout autour de Fleury-Mérogis. Les champs, les chemins et les arbres étaient comme saupoudrés de sucre ; c’était presque aussi poilant qu’une carte postale de Noël ; manquaient plus que les trois conneries écrites derrière.
J’ai remonté le col de mon veston tant le froid avait la dent dure ».