Tous les diamants du ciel
de Claro

critiqué par CC.RIDER, le 6 octobre 2012
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Indigeste
En 1951, à Pont Saint Esprit, Antoine, un jeune mitron, se lance dans un très improbable et très convulsif voyage intérieur au terme duquel, après diverses escales dans la rade de Toulon et dans le désert algérien, il finit par échouer en 1969, à Paris, dans le sex-shop d'une certaine Lucy Diamond, une ancienne droguée américaine.
Ce livre étrange aurait pu être intéressant au vu de son thème accrocheur et de sa quatrième de couverture dégoulinante d'éloges dithyrambiques. L'ennui, c'est que cette présentation frise la publicité mensongère pour qui ne saurait pas lire entre les lignes. Pour « une écriture violente, amoureuse des vertiges », il faut mieux comprendre un style lourd, filandreux, pénible à lire tant les phrases sont alambiquées, interminables, pleines de renvois et de tiroirs. Résultat, le bouquin tombe littéralement des mains. Et c'est bien dommage.
Réponse ! 10 étoiles

Chronique que j'ai publiée dans Haute-Provence info

Claro publie Tous les diamants du ciel , une extraordinaire aventure d’écriture, que le public a pu approcher lors de la rencontre croisée avec Arno Bertina, animée par Yann Nicol (Correspondances de Manosque) . C’est lui qui définit ainsi son projet : « Je voulais écrire un livre qui ait l’air d’avoir lui-même pris du LSD ».
Un chantre de la drogue, Claro ? Ce n’est pas le sujet. L’entreprise est littéraire, et le LSD est une «métaphore de l’écriture» : celle-ci a le même pouvoir que le LSD, « distordre la réalité » tout en restant conscient du phénomène. Claro est parti d’un fait-divers, l’histoire du pain empoisonné à Pont-Saint-Esprit dans les années 50. La rumeur a couru que c’était une expérience de la CIA. Le premier personnage, Antoine, est le mitron de cette fournée infernale. Le deuxième personnage, c’est Lucy Diamond, une Américaine ex-junkie, qu’il va rencontrer à Paris où elle a ouvert l’un des premiers sex-shops. Une histoire de folie, - dans tous les sens que peut prendre l’expression - de tentation(s) aussi, car le prénom d’Antoine renvoie bien sûr au Saint-Antoine de Flaubert.
Paris donc, mais aussi d’autres lieux, comme New-York, tous sont fantasmés, comme les événements historiques évoqués (les premiers pas sur la Lune par exemple), tout est perçu à travers les personnages, sans recherche de réalisme. Les voyages d’Antoine et de Lucy, réels ou sous l’emprise de la drogue, ne sont pas « romanesques », en ce sens qu’il ne s’agit pas de planter un décor et d’y figer des personnages bien décrits, mais de faire entrer « une charge poétique dans le langage ». Impossible, voire inutile et même trompeur, de raconter ou de résumer ce roman, juste ici faire comprendre que « chaque phrase est un événement », et la réalité une fiction hallucinatoire, ou l’inverse… C’est dans ce vertige que tout se joue.

EveDM - - 73 ans - 8 octobre 2012