Approches, drogues et ivresse
de Ernst Jünger

critiqué par Vince92, le 27 août 2015
(Zürich - 47 ans)


La note:  étoiles
Abandon...
Dans ce livre, qui dénote un peu dans la bibliographie d'Ernst Jünger, ce dernier va entreprendre un voyage aux paradis artificiels et examiner la relation qu'entretiennent les hommes avec les substances de quelque nature qu'elles soient et qui visent à modifier la perception.
Je serais en vérité bien en peine de résumer et commenter le contenu de ce gros essai sur un sujet qui ne m'inspire guère... le hasard me l'ayant mis entre les mains, et Ernst Jünger étant l'un de mes écrivains préférés, c'est avec beaucoup de curiosité que j'entamai sa lecture. Bien vite cependant j'ai abandonné l'idée de découvrir une pépite... le propos est très difficile à suivre pour un lecteur qui ne s'intéresse pas du tout à la question des narcotiques, drogues et autres alcools... l'ennui et la volonté de passer à autre chose très rapidement faisant le reste, c'est avec une pointe de culpabilité (cela m'arrive très très rarement) que je me résous à refermer ce volume en ayant lu moins de 70 pages.
Le style d'Ernst Jünger reste très bon cependant... voilà pourquoi j'attribue 2 étoiles et demi.
Paradis artificiels 7 étoiles

Comment résumer ce livre qui part un peu dans tous les sens ? Il porte très bien son titre. Ce sont bien des « approches », esquisses sur le thème des drogues et de l’ivresse. La recherche de la perte de contrôle, du rêve, de l’ailleurs par toutes sortes de moyens allant des plus bénins aux plus dangereux. L’auteur y a rassemblé en un grand nombre de très courts chapitres (plus de 300), en réalité de notes, toutes sortes de réflexions, méditations, pensées diverses et variées, citations d’auteurs, extraits de poèmes. Il ne s’agit en aucun cas d’une étude circonstanciée ni d’un traité exhaustif. Par exemple, Jünger compare les ivresses obtenues par la bière et le vin en amenant sa réflexion sur les différences civilisationnelles entre les pays du nord et ceux du sud, entre les terres de houblon et celles de vignobles et les mentalités qui vont avec. Il a expérimenté sur lui-même la plupart des produits dont il parle (haschich, cannabis, cocaïne, morphine, LSD, éther, chloroforme, peyotl, champignons hallucinogènes, etc.) Dans certains chapitres, il note même heure par heure et parfois minute par minute ses impressions. Les expérimentations sont parfois étonnantes, parfois décevantes…
« Approches drogues et ivresse » pourrait se classer dans les essais, mais ce n’est pas vraiment le cas, car ce livre n’est pas vraiment une étude, ni même un véritable retour d’expérience, ni même un témoignage au sens classique du terme. C’est plutôt une conversation à bâtons rompus où le thème principal autorise toutes sortes de digressions sociologiques, ethnographiques, mythologiques, historiques, linguistiques, mycologiques, pharmaceutiques, phytochimiques, etc. L’auteur en appelle à Baudelaire, Maupassant, Hoffmann, Poe, de Quincey, Cocteau, Novalis, Goethe, Mirbeau, Loti, Nietszche, Michaux, Huxley, Orwell et tant d’autres qui y ont touché de près ou de loin. Il analyse l’attitude des états et des religions vis-à-vis du tabac et de l’alcool (Islam et prohibition aux États-Unis). C’est intelligent, brillant, même si ça dérive un peu beaucoup. Nul doute que le plus intéressant pour le lecteur lambda restera surtout les anecdotes de la jeunesse de l’auteur dans les années 30 et 40.

CC.RIDER - - 66 ans - 25 septembre 2023