La chambre close
de Maj Sjöwall, Per Wahlöö

critiqué par Isad, le 30 juillet 2012
( - - ans)


La note:  étoiles
L’argent n’est pas fait pour dormir dans une banque
L’action se situe à Stockholm à la fin des années 60. La situation économique de crise ressemble étrangement à la nôtre avec en arrière fond la difficulté à trouver du travail et le suicide. Les auteurs n’ont pas de sympathie pour les banques et les assurances, regardent avec tendresse ceux qui veulent profiter de l’abondance apparente mais n’appartiennent pas à l’élite et donc s’attaquent au système de manière illégale, se moquent des effets de manche de la hiérarchie policière et politique qui camouflent les échecs.

Le commissaire Martin Beck revient de convalescence suite à une blessure dans le cadre de ses fonctions. Alors que ses collègues sont affectés à la brigade du banditisme suite aux nombreuses attaques de banque sous la direction d’un procureur qui rêve d’être sous le feu des médias et a de nombreux présupposés, Beck s’occupe d’un vieil homme mort par balle dans son appartement soigneusement fermé de l’intérieur, sans arme à ses côtés.

Ce mystère va amener le commissaire à sortir de son humeur maussade, voire dépressive, car il sait qu’il n’est pas le héros qui a été encensé mais qu’il a commis des imprudences dans sa précédente enquête qui ont été ignorées du fait de son succès final. Son cheminement psychologique dans la résolution des différentes affaires qui se rejoignent est intéressant et donne de la consistance à ce livre en partie satirique.

IF-0712-3917
Plus généreux 8 étoiles

Après 7 tomes allant de 250 pages pour le plus court (le deuxième, par ailleurs le moins grandiose du lot) à 315 pages pour le plus épais, et d'une longueur globale de 300 pages par tête de pipe, le duo Sjöwall/Wahlöö, ici, nous offre un roman plus épais que de coutume, avec 400 pages. Le suivant aussi fera cette épaisseur, et le dixième et dernier, lui, fera carrément 540 pages, soit presque deux fois l'épaisseur d'un des 7 premiers romans.
Huitième opus, "La Chambre Close" est une belle réussite qui nous montre un Martin Beck de retour de convalescence (voir le final du précédent roman) et à qui on donne une affaire curieuse : un vieillard, retrouvé mort par arme à feu (on pense à un suicide, ce n'en est peut-être pas un) dans son appartement insalubre, fermé à clé de l'intérieur, et sans aucune arme à feu à proximité du corps, mort depuis 2 mois.
Parallèlement, Kollberg et Larsson (et Rönn) enquêtent sur un hold-up doublé d'un meurtre, commis par, apparemment, une femme que personne ne parvient à identifier. Mais comme deux malfrats habitués des braquages sont en cavale depuis peu, leur enquête se tourne vers eux.
Deux affaires sans lien en commun, apparemment, mais, au final, sait-on jamais...
Un excellent cru, assez drôle parfois, assez satirique et politiquement chargé (à l'extrême-gauche, car telles étaient les opinions politiques du duo d'écrivain), qui ne fait absolument pas honte aux précédents romans de cette série du "Roman d'un crime".

Bookivore - MENUCOURT - 42 ans - 7 août 2023