Ingrid Caven
de Jean-Jacques Schuhl

critiqué par Anne, le 12 janvier 2001
(Rhode-Saint-Genèse - 47 ans)


La note:  étoiles
Le prix Goncourt 2000 : Aux passionnés de vie d’artistes !
Alors que, petite fille, elle chantait « Nuit sacrée » pour les soldats d'Hilter, Ingrid Caven devint un demi-siècle plus tard, chanteuse et actrice de cinéma connue.
Sur scène, elle montre présence, prestance et fantaisie.
Le roman et l'histoire sont attachants, de par le récit de la vie de la chanteuse.
L'auteur nous fait connaître tous les personnages qui ont traversé sa vie de star, d’artiste. Le personnage d'Yves St-Laurent est attachant dans la relation qu'il a eue avec la chanteuse, et c’est intéressant de le découvrir.
Je n'ai pas particulièrement apprécié ce roman, je l'ai trouvé peu facile à lire, peut-être à cause du français, du langage décousu de l'auteur. Cependant, c’est intéressant de connaître la vie de ces artistes qui n’ont pas toujours une existence aussi " rose " que ce que nous pouvons imaginer.
Les passionnés d’histoires anciennes et de vies d'artiste seront comblés.
This is nicht eine biographie 9 étoiles

Excellent roman, bien qu'un peu particulier, que cet "Ingrid Caven", sorte de biographie romancée de la chanteuse et actrice allemande, ex-femme de Rainer Werner Fassbinder (elle jouera dans pas mal de ses films), ex-égérie d'Yves Saint-Laurent, et compagne actuelle, et c'était déjà le cas au moment de la parution de ce livre goncourtisé en 2000, de l'auteur du roman, Jean-Jacques Schuhl. Lequel écrit peu, très peu (quatre livres en 40 ans), mais bien : "Rose Poussière" est un classique de l'écriture déstructurée à la Burroughs, "Telex N°1" est du même acabit...
Ce roman est plus structuré, plus facile à lire, il faut quand même, parfois, s'accrocher un peu. C'est à la fois drôle et étrange, très particulier, Schuhl est sans doute le seul à écrire comme ça en France, ses livres ne ressemblent qu'aux siens.
Deuxième lecture en 10 ans, aussi agréable que la première. Un très bon cru des Goncourt.

Bookivore - MENUCOURT - 42 ans - 8 août 2021


Ingrid Caven 5 étoiles

Page 94, je m’accroche...
Le schéma narratif est complexe, je confirme. Mais le livre s’adresse à des initiés et à un public particulier. Je me suis aussi même demandée pour qui, au fond, Jean-Jacques Schuhl avait écrit ce livre ? Pour Ingrid Caven, sans aucun doute, et pour lui-même.
J’ai lu d’autres critiques (*) qui m’ont éclairée et m’ont incitée à poursuivre la lecture.
* Lien : http://paris70.free.fr/schuhl.htm
NB : du texte en jaune fluo sur fond bleu glacial n’est cependant pas idéal pour la lecture.

BrigitteP - - 63 ans - 3 février 2019


Un bijou littéraire et un bel hommage 10 étoiles

Voilà un livre, un livre à part, un chef d’œuvre, oui, un Goncourt qui se mérite.
Je vois que beaucoup ne sont pas d’accord … Le schéma narratif est complexe certes, c’est pourquoi on peut comprendre ceux qui se sont arrêtés dès les premières pages…

Et pourtant ! Quelle richesse !! Une fois plongés dans le monde d’Ingrid Caven (chanteuse et actrice de cinéma allemande, née en 1938), on sent l’envoûtement. De son enfance à sa carrière, sur scène comme dans l’intimité.
Il y a complexité oui. Entretenue par l’auteur, dans l’écriture, les points de vues, et le problème de la fiction biographique.
Mais ce qu’il faut, c’est se laisser aller dans l’envoûtement, se laisser bercer par les vagues parfois douces, parfois violentes de la vie d’Ingrid Caven. Complexe bien sûr. Quelle vie n’est pas complexe ?
Schuhl est coincé entre son envie d’écrire une biographie retraçant la vie de cette femme d’exception : « Malgré tout- il savait pas trop ce qu’il voulait-, il avait encore continué un peu. C’était trop bête de ne rien écrire sur cette femme ! Ca ferait un beau portrait, une biographie, et aussi une chronique de l’époque, parce que quelle époque ! Quelle histoire ! » (P329), et celle de rendre hommage à la femme et à sa voix, à son chant : « non, décidément, la seule chose qui tienne devant ce mince manuscrit trouvé au pied du lit et retraçant cette vie, qui puisse y faire écho, lui répondre, c’est son chant à elle, son chant, pas sa vie, des mots trouvant forme dans l’air. » (p320).
Peut-être est-ce par son écriture contemporaine originale, vivante, rythmée, aérienne et musicale finalement, qu’il arrive à dépeindre de la meilleure manière le chant d’Ingrid.
Il veut faire une biographie, n’en est pas certain, alors on ne sait pas au bout du compte, si tout est vrai, mais ce n’est pas grave :
L’hommage est fait, beau et fidèle, on le sait, on le sens.

Lig - Gouesnac'h - 41 ans - 13 février 2007


Le Goncourt 2000 7 étoiles

Si un prix doit justifier son existence, il est évident que le Goncourt devait être remis à Jean-Jacques Schuhl. Pourquoi remettre un prix à un auteur populaire? Pas d'intérêt! Le prix permet de montrer à un grand nombre une nouvelle écriture; j'ai envie de dire de la prose qui chante. Il m'interpelle comme "voyage au bout de la nuit" touchait ses contemporains par sa nouvelle "façon" . C'est assez rare!

Popol - Uccle - 67 ans - 14 avril 2001


Chapeau Sherlock!!!! 2 étoiles

Pour avoir eu le courage d'aller au delà de la cinquième page ce dont je ne fus pas capable.... mais il ne m'en a pas fallu plus pour être du même avis....

Chat pitre - Linkebeek - 53 ans - 5 avril 2001


Le poids des mots 1 étoiles

Je partais pourtant d'une bonne intention. Celle d'attaquer un Livre (avec un grand L), écrit en "vrai" français, pas l'une de ces traductions de l'américain dans lesquelles on se laisse trop facilement enfermer. Et en plus, le Goncourt s'il vous plaît! Donc je l'ai lu. Jusqu'au bout. Courageusement. Je me suis "farci" Ingrid Caven.
Pourtant, dès la cinquième page, j'avais compris. Compris que cet auteur, sous prétexte de style personnel et original, écrit tout simplement très mal. Les dialogues reproduisent un langage parlé très rudimentaire. La structure du livre, des chapitres et même des paragraphes laisse à désirer. Tout cela cependant n'est pas grand chose en regard de l'irritation provoquée par les incessantes incursions de la langue de Goethe, sous prétexte qu'Ingrid Caven est d'origine allemande. Absolument insupportable pour le lecteur.
Voilà pour le style.
L'histoire, elle, intéresserait sans doute un pigiste de Paris Match ou de Gala. Pas au delà. Si vous voulez savoir ce qu'Ingrid Caven a dit à Fassbinder à New York alors qu'ils étaient dans le restaurant untel, ou encore quelle robe elle portait quand elle a revu Yves St Laurent, alors ce livre est pour vous. N'en attendez pas plus.
Vous me direz, pourquoi avoir fait l'effort de finir ce livre alors que tout semblait mal parti dès la cinquième page? Très simple. J'ai tenu bon, à longueur de soirée, en pensant à la critique que j'allais écrire, en pensant que cette critique, au moins, serait légitime. Nous y voilà!
Bon, vous l'avez compris, ce livre est une nullité, dans sa forme et sur le fond. Mais quoi, des livres maladroits, provenant d'auteurs débutants, il y en a tous les jours, et c'est bien normal.
Mais un Goncourt, ma bonne dame, vous imaginez ça en Goncourt? De qui se moque-t-on? Attribuer le Goncourt à ce livre relève du scandale.
Un dernier mot: j'ai appris, après avoir refermé le livre (pardonnez mon ignorance) que l'auteur est, à la ville, le compagnon de l'héroïne du livre.
Qui a parlé de scandale?

Sherlock - Bruxelles - 58 ans - 5 avril 2001