Quatre générations sous un même toit, tome 1
de Lao She

critiqué par Jules, le 12 janvier 2001
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Une très belle oeuvre, émouvante et vraie
Le vieux Qi est très fier !. Sa maison, à Pékin, abrite quatre générations de Qi puisqu'il a la chance de connaître son arrière-petit-fils, Petit Shunr.
Son fils est gérant d'une boutique de tissus, l'aîné de ses petits-fils est professeur dans un lycée, le second est économe dans un lycée et le troisième est étudiant. La famille Qi habite dans une petite ruelle, une sorte d’impasse avec un bel arbre en son centre. Plusieurs maisons ont un jardin, comme celle des Qi. La ruelle est habitée par des gens de conditions diverses, ce qui lui donne un tout autre charme que s'il s’agissait simplement d’une rue bourgeoise. Il y a un cordonnier, un tireur de pousse-pousse, un musicien ambulant, un déménageur, un barbier et leurs épouses respectives pour donner plus de mouvement et de vie à la rue. Il y a encore toute la famille du poète Monsieur Qian, le seul à habiter là depuis presque autant de temps que Monsieur Qi, et celle de Monsieur Guan Xiaohe avec sa femme, la Grosse Courge Rouge et ses deux filles.
La guerre sino-japonaise a éclaté depuis 1932, le Japon occupe la Mandchourie sans que la Société Des Nations ne se préoccupe beaucoup du problème. Mais voilà qu'en 1937, les Japonais envahissent de nouvelles parties de la Chine, dont Pékin. Monsieur Qi a été prudent et sa maison regorge de nourriture pour toute sa petite famille. En outre, la ruelle est fort à l'écart de la vie de la capitale et l'on pourrait s'y croire protégé. L'occupation japonaise est vite pesante, pour les Chinois ces gens sont des barbares. La petite ruelle va être choquée par la famille de Guan Xiaohe qui va se lancer dans une collaboration effrénée. La Grosse Courge Rouge n'aura de cesse que de gravir des échelons dans la hiérarchie d'occupation, même au détriment de ses proches. Le plus jeune des petits-fils du vieux Qi, lui, a fui Pékin et s’est engagé dans la résistance, alors que l'avant dernier fait tout pour se rapprocher des Xiaohe. Quant au reste de la ruelle, elle se lance dans la résistance passive. La faim va s’installer de plus en plus, les Japonais vont réquisitionner des logements, des exécutions capitales auront lieue, des emprisonnements avec ou sans tortures… Et Pékin souffrira de plus en plus, s'enfoncera dans la misère et le chagrin, sauf pour quelques-uns uns, comme les Xiaohe et la Grosse Courge Rouge. Mais jusqu’à quand ?…
Toutes les misères de l’occupation par un peuple qui n'était pas plus tendre que ne l’ont été les Allemands à l’époque chez nous. Il est également très intéressant de découvrir tout le système de vie des Chinois de l'époque, leurs coutumes, leur politesse et l'étiquette qui tenait une bien grande place dans leur société. Quant aux hommes, qu’ils soient chinois ou d’une autre nationalité, ils comptent parmi eux tous les échantillons de l'espèce humaine, de la plus vile à la plus courageuse, en passant par toutes les catégories intermédiaires. Une chose cependant : la capacité de résistance passive semble gigantesque, mais la révolte ouverte moins concevable. Cette histoire se compose de trois volumes, tous aussi bons les uns que les autres, mais il est très concevable de n'en lire qu’un seul, ou seulement deux.
Comment résister au quotidien à l'occupation de son pays ? 9 étoiles

Ce livre s'ouvre sur la chute de Pékin telle qu'elle est vécue par les habitants d'une petite ruelle, l'impasse du petit Bercail. Qu'ils soient commerçants aisés, intellectuels, barbier ou tireur de pousse pousse, tous vont être confrontés à la situation nouvelle : l'occupation de leur ville par les Japonais.
Même si ces derniers n'apparaissent qu'épisodiquement dans le livre, ils influencent totalement la vie des habitants de Pékin, d'un point de vue matériel (diminution de l’approvisionnement, contrôle des portes ...) et moral (organisation de défilé obligatoire pour "célébrer" les défaites militaires chinoises, ...)
Peut-on encore travailler dans une ville occupée ? Comment concilier le devoir vis-à-vis de sa famille et vis-à-vis du pays ? Faut-il rester ? Faut-il partir se battre ? Peut-on en conscience profiter des opportunités que constituent la mise en place d'un nouveau régime ? La résistance passive peut-elle exister ou n'est-elle qu'une poudre aux yeux intellectuelle qui finit par disparaître sous le poids du quotidien ?
Le roman explore ces questions au travers des différents protagonistes. Dans ce premier tome, nous ne voyons pas de héros de la résistance ou d'affreux collaborateurs mais juste des hommes plus ou moins égoïstes et ayant plus ou moins d'idéaux.
C'est cette exploration de l'âme humaine dans tous les détails de la vie quotidienne qui fait tout le charme de ce livre qui se lit très bien malgré ses 700 pages.

LaVillatte - - 49 ans - 25 février 2015


Une saga passionnante et instructive 9 étoiles

J’ai entamé avec un peu de circonspection mais beaucoup d’intérêt ce pavé qui n’est que le premier tome d’une fresque familiale, un quasi huis-clos entre les habitants de l’impasse du « Petit bercail ». Là se côtoient la famille chinoise traditionnelle du vieux Qui, un lettré, un fonctionnaire raté, et des foyers de petite condition (tireur de pousse-pousse, barbier…).

Lao She nous emmène à la découverte de la société chinoise à Pékin, sa culture, ses traditions, déjà mises à mal par l’occupation occidentale et l’établissement de la République. Dans ces pages, nous sommes témoins du choc lors de la rencontre avec l’occupant japonais en 1937, occupant face auquel se combinent fatalisme apathique et hostilité méprisante, sauf bien sûr pour ceux qui voient dans la collaboration une occasion de gagner en importance et s’enrichir…

J’ai été étonné de la vitesse et de la fluidité de ma lecture, happé par le récit de cette fresque vivante et détaillée, impatient de rejoindre chaque soir Ruixian, Qian, Gaodi et les autres. La langue est simple, le propos parfois teinté d’ironie. Au-delà de l’intrique, j’ai été intéressé en découvrant mieux cette culture (que d’autres livres m’ont fait approcher), la mentalité et les codes sociaux et en voyant notamment comment les chinois réagissaient face à l’occupation (les hasards m’ont fait lire à quelques semaines d’intervalle Suite Française sur la défaite et occupation de la France par l’Allemagne en 1940 et Quatre générations).

J’ai hâte de lire les tomes suivants, ce qui est le plus bel éloge !

Romur - Viroflay - 51 ans - 1 janvier 2015


J'ai dû passer à côté de quelque chose 1 étoiles

Je me suis lancé dans la lecture de ce roman, persuadé que j'allais trouver un grand livre qui allait me passionner.
Et là, énorme déception!
Je n'ai pas du tout aimé! Je n'aime pas le style, les phrases courtes, les descriptions un peu légères, une certaine forme de manichéisme qui m'est de plus en plus insupportable (les pauvres sont intelligents et ont le coeur sur la main, les riches sont superficiels et collaborent avec la police!), le personnage du jeune homme poète est à mon goût exécrable (le pauvre, il est trop intelligent pour son entourage!!).
Bref, peut-être que je donnerai une seconde chance à ce livre car la première tentative a été un échec cuisant...

Bebmadrid - Palma de Mallorca - 45 ans - 21 août 2011


Un chef d'oeuvre de la littérature mondiale 10 étoiles

Voila un bien immense roman. L'auteur réussit le tour de force d'écrire une saga familiale de près de 2000 pages se déroulant dans un univers quasi clos sans jamais nous ennuyer, bien au contraire.

L'histoire débute sur un double événement, l'entrée des japonais dans Pékin et les 80 ans de Mr Qi, patriarche de la famille du même nom.

Mr Qi qui habite la ruelle de petit bercail est très fier d'avoir réuni quatre génération sous un même toit. C'est donc le cœur serein qu'il s'apprête à fêter ses 80 ans malgré "ces diables de japonais". La suite du roman nous racontera la vie de la famille Qi et et des habitants de Petit Bercail pendant les 8 ans de l'occupation japonaise et montrera que Mr Qi avait peut-être tort de faire preuve de trop d'optimisme. Il y aura bien des drames, pas mal de morts mais aussi des des mariages, des naissances, une petite troupe de héros et un cortège de traîtres

Avec beaucoup d'humour et d'ironie, Lao She crée une galerie de personnages tout à fait remarquables, petit condensé d'humanité. Ballotés par l'Histoire, certains succombent au mal alors que d'autres résistent. La majorité se contentant de subir sagement. Les personnages des traitres sont particulièrement réussis, parmi les plus abjects et les plus drôles jamais dépeints. Quand les premiers drames surviennent, on est d'ailleurs un peu surpris tant le début du roman prête à sourire.

Dans un style précis et poétique, l'auteur fait aussi un remarquable portrait du Pékin de l'époque et de l'importance des relations sociales dans la culture chinoise. Lao She nous fait d'ailleurs percevoir un peu de l'immensité et l'ancienneté de cette culture.

Roman sur Pékin, sur la guerre, sur la résistance et sur la trahison, "Quatre générations sous un même toit" fait partie de ces livres qui changent la perception que l'on a d'une partie du monde tout en ayant une portée universelle et humaniste.

Pour cela et pour tout le reste "Quatre générations" rejoint mon panthéon personnel des très grands classiques de la littérature mondiale et je ne peux que conseiller à tout le monde sa lecture.

CptNemo - Paris - 50 ans - 5 janvier 2009


Grande découverte du roman chinois (T1) 9 étoiles

Je n'avais jamais lu de roman chinois avant, je répare enfin cette lacune impardonnable.

Quel roman impressionnant : il décrit l'histoire quotidienne d'une famille pékinoise et de son voisinage décrite sous l'occupation japonaise qui va d'abord perturber puis bouleverser le quotidien des pékinois soumis à la guerre.

Tout y est : descriptions minutieuses, couleurs chatoyantes, humour aigre-doux, ironie fine, personnages attachants, ...

Ce premier tome est un très grand tableau et donne vivement envie de découvrir les suivants.

Fa - La Louvière - 49 ans - 26 mars 2007


MAGNIFIQUE!!!! 10 étoiles

Ce livre est une merveille. Je suis d'accord avec Jules, et suis ravie de voir qu'un autre lecteur a "osé" aborder ces trois volumes. Il se lit d'une traite, parle d'amour, de résistance, de la famille, de valeurs existentielles et nécessaires, tout cela avec humour et parfois légereté.
Un livre indispensable qui aborde des thèmes qui peuvent être transposés à n'importe quelle époque, dans n'importe quel pays.

Daffodil - - 53 ans - 12 décembre 2005