Le veuf
de Georges Simenon

critiqué par Catinus, le 28 juillet 2012
(Liège - 73 ans)


La note:  étoiles
Haute tenue
Jeantet, artisan imprimeur a épousé Jeanne, une ancienne prostituée à Paris. « Jeanne ne cherchait même pas à être heureuse ». Jusqu’au jour où on la retrouve, suicidée, dans un hôtel des Champs Elysées. Une femme de chambre déclare à Jeantet qu’elle a vu un inspecteur mettre dans sa poche une lettre dans cette chambre. De plus, Jeantet apprend que Jeanne se rendait chaque mercredi à cet hôtel. Il tente de faire son deuil et surtout est obsédé par cette lettre. A qui ce dernier mot était-il destiné et que disait-il ?

A partir d’un fait divers tout à fait anodin, comme à son habitude, Simenon construit un roman de haute tenue. Qu’il en soit remercié !


Extraits :

- Il ne savait pas nager. Il ne s’était pas mis une seule fois en maillot de bain dans sa vie. Les animaux, les vaches, les abeilles, les chiens, lui faisaient peur et, à la campagne, en dépit de tous les raisonnements, il restait oppressé par la sensation que des forces hostiles l’entouraient.

- Il ne connaissait pas les enfants. Ils l’effrayaient un peu, moins que les animaux, mais de la même façon, peut-être pour les mêmes raisons, et il avait tendance à les tenir à l’écart.

Un veuf sous un toit. 7 étoiles

Ce veuf qui semble vivre en se contentant de son métier et en reléguant sa vie privée au rituel d’un compte- gouttes par sa routine, semble sans s’en rendre compte, désenchanter, indigner ceux qui l’entourent ou le côtoient. Un être apparemment froid, détaché, indifférent aux ressentis des autres.
Une nouvelle fois Simenon use de son talent pour décrire scrupuleusement le quotidien d’un homme renfermé, amorphe, taciturne et qui semble traverser la vie sans vraiment l’estimer à sa juste valeur. A un tel point, qu’il avoue même, ne pas aimer les fleurs…

Pierrot - Villeurbanne - 73 ans - 12 décembre 2014