La grande bonace des Antilles
de Italo Calvino

critiqué par CC.RIDER, le 27 juillet 2012
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Pour les véritables fans
Sur un ordre idiot d'un général, un régiment qui défile s'égare dans la cour intérieure d'un immeuble... Une ville entière peuplée de voleurs se retrouve déstabilisée quand un seul habitant honnête ne participe pas au système et finit par mourir de faim... Un pays étrange où, à chaque fin de mandat, les chefs sont décapités le plus légalement du monde... Une foule qui se réchauffe au soleil pendant que les conjurés amis de Brutus s'apprêtent à assassiner César... Des journalistes interviewant l'homme de Neandertal, l'empereur Montezuma ou Henry Ford... Une poule qui crée bien du tracas aux services de sécurité d'une usine... Des militaires qui traquent les écrits sulfureux dans une bibliothèque...
« La grande bonace des Antilles » est un recueil de textes, articles, nouvelles ou extraits de romans inachevés pris sur l'ensemble de la carrière d'Italo Calvino, c'est à dire de 1943 à 1984. Comme toujours dans ce genre de livre, le lecteur y trouvera un peu de tout autant dans les styles (Calvino les ayant à peu près tous abordés, de la nouvelle à la fable, de l'apologue au récit et du conte au roman sans oublier les dialogues théâtralisés) que dans les registres : le social, côtoyant l'absurde, le poétique ou l'allégorique s'alliant au réaliste et le politique au moraliste. Bien évidemment, il en est de même de l'intérêt de cette compilation. Certains textes sont de véritables petits chefs d'oeuvre (comme « Le mouton noir », « Le régiment égaré », « Un général dans la bibliothèque », « La décapitation des chefs » ou « La dernière chaîne », fable cruelle contre l'abrutissement télévisuel) alors que d'autres sont d'un intérêt moindre comme « La glaciation » qui fut un texte de commande pour un compagnie japonaise de spiritueux et qui garde un petit relent... alimentaire. Ce livre intéressera néanmoins les véritables fans du grand auteur italien.