La Religion dans la démocratie
de Marcel Gauchet

critiqué par Veneziano, le 23 juillet 2012
(Paris - 47 ans)


La note:  étoiles
La sortie officielle de la religion
Cet éminent philosophe revient sur la place de la religion dans les démocraties occidentales. Pour cela, il approfondit et précise ce qu'il a pu analyser dans Le Désenchantement du monde. L'Etat, après avoir fondé le pouvoir sur le phénomène religieux, s'en sépare, et le renvoie à la sphère privée.

La religion devient autonome, elle se gère elle-même, recrute ses croyants ; à côté, en parallèle, le pouvoir, qui, divin, venait d'en-haut, provient désormais d'en-bas, par élévation. Ce cloisonnement rend obsolète l'intrusion du religieux dans le débat public, dans le processus de décision politique, d'où certains hiatus et incompréhensions à la marge.
A côté de cela, l'Etat doit reconnaître et tolérer les croyances. La limite en est presque dans leur cohabitation, dans l'obligation d'intégration. La religion joue un rôle de dépassement du repli identitaire. Mais selon moi, cela est contestable : elle peut l'accompagner.

Les interactions de l'univers civil laïque et de la croyance doivent être régulièrement repensées et refondues en la forme, afin d'éviter des obsolescences du modèle social et de remodeler la reconnaissance neutre desdites croyances.

Cet essai est assez court, relativement didactique, baignant dans un degré d'abstraction qui ne le rend pas totalement accessible dès la première lecture, sans le rendre abscons. Cela appelle à la réflexion de ce qui est lu, parfois à des retours en arrière.
Mais il porte bien l'intérêt de prendre du recul et la pleine mesure de la place de la religion dans nos sociétés. Des illustrations concrètes rendraient, selon moi, le propos plus fluide et serait plus évocateur.