Just Kids
de Patti Smith

critiqué par Teacher1, le 21 juillet 2012
( - 57 ans)


La note:  étoiles
l'enfance de l'art
Patti Smith, la poétesse rockeuse, livre ici une sorte de chronique autobiographique où elle s'attache à raconter sa relation d'amour-amitié avec l'artiste photographe Robert Mapplethorpe depuis leur rencontre à New York jusqu'à la mort de celui-ci. Dans une forme originale ( le livre est ponctué de polaroids ou dessins faits par les deux artistes eux mêmes) mais relativement conventionnelle par ailleurs, Patti Smith nous fait d'abord la chronique d'une adolescence américaine, la sienne, dans un milieu relativement modeste mais où la culture est estimée puis nous plonge dans le New York des années 60 et 70 , où la jeune Patti décide de se rendre et de devenir artiste car telle est sa motivation: il ne s'agit pas encore à cette époque de devenir artiste pour devenir riche et célèbre; au contraire, le choix d'être artiste implique une vie plutôt misérable, entre vie dans la rue et dans des squats, petits boulots et difficultés à se nourrir, mais tout cela afin de pouvoir créer, s'adonner à ce besoin d'expression. Il ne s'agit pas ici d'une success story que Patti veut raconter (car pour ceux qui l'ignorent elle est l'une des légendes du rock) mais sa détermination à créer et elle rencontre un allié dans cette foi et volonté mutuelle, Robert Mapplethorpe. Et au delà de ce récit et de cette vision pure et dure de l'art, de l'art pour l'art en quelque sorte, le livre est aussi le témoignage d'une histoire d'amitié très forte et singulière.
L'ascension de deux gamins inséparables ! 10 étoiles

Patti Smith (Patricia Lee Smith) est née en 1946 dans l'Illinois (Etats-Unis d'Amérique)
Mariant la poésie "Beat" avec le Rock des années 1960 et 1970, elle a été considérée comme la marraine du mouvement Punk de la fin des années 1970.
En 2005, Patti Smith reçoit des mains du ministre français de la Culture la médaille de commandeur de l'Ordre des Arts et des Lettres
En 2010, elle publie "Just Kids", récit de son amitié avec Robert Mapplethorpe, couronné par le National Book Award.

Sans angélisme, Patti Smith retrace les turpitudes d'une relation totale, dans sa beauté comme dans ses douleurs. Celle de deux enfants aux rêves chevillés au corps, coupables de croire l'Art plus fort encore que la mort.
Robert Mapplethorpe, compagnon puis ami proche de la chanteuse, mort du sida en 1989, est au coeur de "Just Kids".
Ce "berger hippie" ne la quittera plus. Ensemble, ils connaîtront l'émulation artistique, puis les doutes et les tensions, alimentés par l'homosexualité naissante du futur photographe. En creux, elle raconte aussi l'ébullition du New York bohème, les soirées du Chelsea Hotel et de la Factory, le voisinage d'Andy Warhol, de Janis Joplin ou d'Allen Ginsberg.

C'est lors d'une émission de "La Grande Librairie" (France 5) que j'ai pu découvrir les talents littéraires de Patti Smith.
J'avais une image un peu floue de l'artiste et n'imaginais pas une seconde ses multiples qualités artistiques.
Cet ouvrage est beaucoup plus qu'une biographie, c'est une déclaration d'Amour fusionnel entre 2 êtres.

"J’ai écrit ce livre pour Robert, et lui qui était hyper visuel ne lisait pas. J’ai donc voulu écrire un livre qu’un non-lecteur puisse lire, mais qu’un amoureux de la littérature puisse apprécier aussi. J’ai essayé de faire un film à travers les mots."

Un très Grand moment de lecture !

Frunny - PARIS - 58 ans - 3 mars 2015


Se souvenir des belles choses par hommage 8 étoiles

Patti Smith désire rendre hommage à l'artiste et à l'homme atypique avec qui elle a vécu, puis est restée en très bons termes, lui se tournant vers des amours masculines. Cette volonté de se souvenir est mêlée de celle d'expliquer la démarche de quelqu'un qui risque de rester pour un incompris excentrique, tenté par la provocation.
S'il est bien grisé par son propre pouvoir de séduction, une forte sensibilité accompagne son oeuvre, ses relations personnelles, bien que hors normes, même dans ses photographies sadomasochistes, où le pornographique est transformé en érotisme, par l'analyse des touchés et textures. C'est la thèse de son ancienne compagne. Le reste prouve de manière plus éclatante sa passion du beau, qu'il tient à retranscrire, et qui serait donc dans à peu près tout.

Cet hommage apparaît comme un hymne à l'ouverture, à la compréhension du plaisir, sous toutes ses formes, même les plus baroques. Sa dette morale envers lui est ainsi rendue, par un témoignage choc, mais tout autant senti et émouvant, à sa façon.

Veneziano - Paris - 46 ans - 24 avril 2014


Parce que c'était lui, parce que c'était moi... 9 étoiles

C'est bien cette pensée d'un de nos auteurs, dit grand, qui s'est immédiatement imposée pour évoquer ce livre d'une de mes chanteuses des 70's préférées.

Au fil de son récit autobiographique- un témoignage public qu'a voulu Robert Mapplethorpe avant sa mort- l'on découvre cette absolue passion qu'ils ont eue l'un pour l'autre et, ce, même lorsqu'ils seront séparés, une passion faite d'amour, d’amitié, de tendresse, d’irrésistibles désirs pour leurs vies, leur art, leurs envies.

Tout a la fois tendre et poétique, triste et sombre, parfois: une découverte d'une Patti insoupçonnée souvent.

Provisette1 - - 11 ans - 23 juin 2013