Grand maître
de Jim Harrison

critiqué par Jules, le 11 septembre 2012
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Tant attendu !
Ce livre était attendu par moi avec une grande impatience, fanatique que je suis de Jim Harrison.

L'histoire est relativement simple à suivre. Sunderson est policier dans le Michigan. Il est très proche de la pension mais cela ne l'empêche pas d'engager une véritable guerre contre une secte dirigée par un personnage peu reluisant qu'il nomme Dwight et qui se prend tout simplement pour Dieu. Entrer dans sa secte coûte une fortune au candidat mais, bien plus grave encore, il est un très gros consommateur sexuel de très jeunes filles.

Un livre de Jim Harrison ne se conçoit pas sans de nombreuses séquences sexuelles mais Senderson ne se laisse pas aller avec une jeune fille de moins de 18 ans nommée Mona. Et cela malgré tout ce que tente cette voisine d'en face qui n'a encore que 16 ans et Dieu sait qu'elle fait tout pour qu'il lui cède. A défaut de réussite, elle va l'aider dans sa lutte contre Le Grand Maître.

Pour notre plaisir Harrison poursuit aussi ici son étude de la nature que ce soit dans le Nebraska ou dans la péninsule du Grand Nord.

Son écriture reste ce qu'elle a toujours été, fluide et variée. Nous trouverons ici, comme dans ses autres romans, des phrases clefs qu'il convient de lire à deux reprises et cela dans plusieurs domaines: l'existence d'un dieu ou d'un Grand Esprit selon les Indiens, les différents effets de l'acte sexuel sur la personne et la façon de traiter les événements, l'argent, le pouvoir etc...

Voici une de ces phrases:
"Rien n'a changé depuis que Caïn a tué Abel La jalousie, l'instabilité mentale et les problèmes économiques en sont depuis toujours les principaux ingrédients. La religion n'est pas en reste. Aujourd'hui, l'abus de drogue et le désespoir moral épaississent encore la sauce"

J'ai beaucoup aimé ce livre, même s'il n'a pas toutes les qualités qu'avaient "Dalva" et "La Route du Retour"
Le blues de l'homme vieillissant 7 étoiles

Avant de partir à la retraite, il reste à l'inspecteur Sunderson une affaire à résoudre :l'arrestation d'un personnage qui se fait appeler Grand Maitre : « un gourou diabolique qui s'en prend aux toutes jeunes filles » et dont la secte vit des dons de ses riches adeptes. Il leur promet l'extase de la foi en échange de leur temps et de leur argent .
Une affaire à résoudre, un inspecteur …..et pourtant ce n'est pas un polar. Le sous-titre nous avertit , c'est un « faux roman policier » dont le narrateur est Sunderson lui-même.
En effet si l'enquête ( la dernière dans son «  boulot de nettoyeur des saletés de la société ») constitue la trame de l'action, justifie les différentes péripéties inhérentes à toute recherche policière, c'est bien plus le portrait de l'enquêteur qui représente l'intérêt essentiel du roman .

Sunderson, dont le divorce a creusé dans sa vie « un cratère long de trois années » est un homme vieillissant, conscient de ses faiblesses physiques. Plutôt « enrobé », le souffle court, s'il a perdu de son endurance, il reste amateur de double whiskys , et a conservé une irrésistible attirance pour les femmes, qu'il se plaît à mater « tu picolais, tu courais la gueuse » se dit-il .
Il n'éprouve plus que désillusion face à l'Amérique des années 2000, les Américains lui apparaissent globalement comme des « jobards » et sa vision des étudiants et de l'intelligentsia est tout aussi dépréciative .
Quant à la religion, elle lui semble présenter le même pouvoir séducteur que l'argent et ne relever que du maintien de l'ordre dans la société . Sa religion à lui, n'est plus que la pêche à la truite, ce qui vaut au lecteur de nombreux et beaux passages de relation fusionnelle entre le personnage et la nature où éclate une lumineuse sensualité.

Quand on connaît Jim Harrison, on comprend qu'il a attribué à son héros certaines de ses propres caractéristiques. De plus, Sunderson a dans le roman sensiblement le même âge que Jim Harrison lorsqu'il publie l'ouvrage. Celui-ci , l'un des ses derniers traduirait- il alors le désenchantement qui l'envahit en 2011, 5 ans avant sa mort en 2016? On peut s'interroger …..

Ce blues de l'homme vieillissant a un certain charme, même s'il n' a pas la même unité ni la même force émotionnelle que ses grands romans.

Alma - - - ans - 25 novembre 2020


Aller jusqu’au bout de ce qu’on croit devoir faire 6 étoiles

Ce roman présente un côté attachant par la description du caractère du personnage principal dont les aspérités sonnent vraies. Imparfait mais consciencieux, il va jusqu’au bout de ce qu’il croit devoir faire, et peu lui importe que certains ne le comprennent pas. Il a un ami qui l’accepte tel qu’il est et avec qui il discute souvent. Des échanges avec une adolescente en manque d’affection l’aident à trouver des informations qui lui manquent grâce à l’internet. Les promenades dans la nature encore sauvage sont prétextes à des paragraphes qui nous montrent une certaine intemporalité grandiose face à la vie humaine.

Ce n’est pas la retraite qui va arrêter cet inspecteur rural passionné d’histoire. Sa femme, qu’il aime toujours, l’avait justement quitté parce qu’il était obsédé par son travail, mais on ne se refait pas. Il poursuit donc l’enquête sur un gourou de secte après son pot de départ. Tout en se fustigeant, il regarde subrepticement sa jeune voisine mineure qui n’est pas dupe et s’expose par la fenêtre. Ses pensées sont ambivalentes car elle représente aussi l’enfant qu’il n’a pas eu et il la protège car ses parents sont absents et la délaissent. Cela l’aide à mieux cerner la personnalité de l’homme qu’il recherche dont la quête le mène dans un État du sud où réside sa mère qui réunit la famille pour Thanksgiving. Rétrospectivement, on apprend des bribes de son enfance, on plonge dans la solitude apaisante des parties de chasse ou pêche entre amis dans une cabane rudimentaire.

IF-1113-4118

Isad - - - ans - 24 novembre 2013


C'est du Jim ça ? 1 étoiles

Très déçu par ce livre de Harisson.
Je ne m'y retrouve pas par rapport à ses anciens livres.
Des pages et des pages sans intérêt, des frasques sexuelles, alcooliques et de la branlette de cerveau à chaque page.
Qui suis-je, où vais-je et comment y vais-je ?
A 70 ans ça fait un peu gaga d'écrire ce genre de bouquin.
Je n'ai rien compris à l'histoire et n'ai pas trouvé son intérêt.
La fin est vraiment digne du plus mauvais des livres.
Je me suis ennuyé tout le long du bouquin ce qui n'avait pas été le cas avec les autres.
Et puis j'ai le sentiment que la traduction a été bâclée, à voir avec d'autres lecteurs.
Dernier livre que je lis de cet auteur, pas de temps à perdre à zieuter les déboires d'un vieil alcoolique libidineux.
Au revoir Jim.

Hexagone - - 53 ans - 21 janvier 2013