Je me lèverai un jour
de Najwan Darwish

critiqué par Pucksimberg, le 8 juillet 2012
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Le douloureux cri d'un jeune poète palestinien
Ce recueil de poèmes de Najwan Darwish s’impose comme la voix de la Palestine, voire du peuple arabe. Dans ses poèmes, Darwish partage la souffrance de ses frères. Il cite l’Algérie, le Liban et bien évidemment la Palestine. Il semble un enfant désemparé et blessé par les multiples affronts que son pays a subis. Ses poèmes sont des constats alarmants sur son pays et des textes de résistance. L’état d’Israël est parfois associé à l’Allemagne durant la nazisme :

« Dans les années trente
Les nazis ont eu l’idée de mettre leurs victimes dans des chambres à gaz
Mais les bourreaux d’aujourd’hui sont encore plus habiles
Ils mettent les chambres à gaz dans leurs victimes »

Evidemment, Israël est l’ennemi suprême, certains pays occidentaux sont aussi évoqués par des évocations de la colonisation et du comportement des français à certaines époques bien définies. Autant l’affirmer par avance, ces poèmes témoignent d’une certaine révolte de la part du poète, d’une certaine déception aussi. Mais Darwish reste digne et fier de sa culture. Il évoque des artistes arabes célèbres, évoque aussi ces hommes, femmes et enfants morts injustement.

Les images sont fortes et soulignent à la fois la souffrance et parfois la rancoeur. :
« Et qui est cette fille
Debout devant le bulldozer avant qu’il ne l’aplatisse à même le sol
Comme un amandier en mars. »

« Lorsqu’on se faisait chasser d’écoles qui avaient d’autres préoccupations que de nous chasser
De temps à autre
La guerre promenait sa sœur la paix en poussette. »

« Le café de l’aéroport est autre chose encore
Lorsque, dans les couloirs, le soleil est violé
Comme une domestique asiatique. »

Ce recueil permet de connaître le ressenti d’un jeune poète palestinien, d’aller au-delà des informations données par la télévision occidentale. Libre à chacun de se faire une idée. Il est évident que certains poèmes vont choquer, ou agacer, ou indisposer, mais ce recueil a le mérite d’exprimer les émotions d’un homme qui souffre et témoigne en toute franchise.

Cela fait quelques mois que je voulais lire ce recueil suite à la table ronde qui s’était déroulée en décembre 2011 à Marseille au sujet du printemps arabe où ce poète était présent. Ce n’est pas tant le contenu de l’entretien qui a été évoqué dans la presse et sur internet, mais le fait que deux écrivains arabes étaient contre la participation d’un auteur israélien à cette table ronde. Ces deux écrivains refusaient d’être assis à la même table qu’un homme qui appartient au pays ennemi. Le premier écrivain est le poète Najwan Darwish, le second est Halid Al-Hamisi, l’auteur du roman « Taxi » déjà critiqué sur ce site. Pierre Assouline était bien embarrassé par les réactions verbales violentes dans la salle. En même temps, pour une table ronde sur le printemps arabe était-il indispensable qu’il y ait un Palestinien et un Israélien ? Ce choix semblait hasardeux et propice à la polémique …

Il m’a semblé utile de lire ce recueil pour mieux comprendre le comportement de ce poète durant cette table ronde et le vécu du peuple palestinien souvent stéréotypé dans la presse.

Certaines remarques pourraient être difficiles à entendre pour un occidental ...