Mon doudou divin
de Katarina Mazetti

critiqué par Marvic, le 6 juillet 2012
(Normandie - 65 ans)


La note:  étoiles
Mais où on va Katarina???,
Wera, journaliste indépendante est en panne de sujet quand elle tombe par hasard sur une petite annonce manuscrite proposant un séminaire à « La Béatitude », de trois semaines pour répondre aux questions existentielles et spirituelles.
Se composant un personnage en « piochant » quelques rites et accessoires à différents mouvements religieux, elle arrive dans une espèce de château hybride, donnant une impression d'abandon, déprimant, au confort spartiate, ancien centre de scouts; l'intérieur, confirmant l'extérieur.
« Quid de la Béatitude? Une version low cost pour losers? »

Elle partagera donc la vie de six autres personnes en quête de vérité, chacun y arrivant avec son secret, son fardeau ou sa recherche.
Sa première rencontre sera Madeleine, quadragénaire insignifiante, venant de vivre un deuil que l'on découvrira bien sûr , transportant en permanence un très lourd sac à dos.
L'histoire de ce séminaire sera relaté en alternance par Wera et Madeleine.

Aussitôt entrées les deux femmes seront prises en charge par la charmante hôtesse, Annette, femme adorable, semblant vivre dans l'ombre de son conjoint mais pleine de contradictions qu'elle livrera quand viendra son tour.
Le gourou d'Annette, Adrian, homme confus et énigmatique, se plaçant au dessus du groupe, prêt à délivrer la « bonne parole », mais qui se retrouvera, à sa grande surprise, déstabilisé par certaines interventions.
Interviendront aussi Bertil, ancien médecin au lourd secret, Eve-Marie, la « femme grise », espèce d'apparition éthérée, parlant en vers, un langage obscur à la mise en scène soignée.
Et puis, un jeune homme « détonant » dans le paysage par son age, son origine, sa fraicheur (sa naïveté?), Karim, iranien plein de pures convictions.

Chacun des participants sera responsable de deux « forums », il devra exposer devant les autres sa théorie divine ou spirituelle à l'aide d'une mise en scène fortement recommandée.
Cela ira de la volonté de réunir les trois grandes religions monothéistes à celle de le création d'une grande figure divine représentant la Terre où toutes les associations écologistes et humanitaires se donneraient la main dans un grand élan de fraternité, à la reconnaissance du Dieu mais un dieu Femme avec preuves à l'appui que le Créateur de l'univers ne pouvait être qu'une créatrice.
« L'humanité ferait un bond spirituel en avant si nous nous mettions d'accord pour éliminer de nos langues le mot Dieu et tous ses synonymes. »

Tout est crédible mais on ne croit à rien. Mais comme le dit l'auteure: « On n'est pas obligé de croire en la vie qu'on a. »
Un ramassis de lieux communs, un best-off d'idées vaguement théologiques ou mystificatrices. On hésite entre un « Secret ou un Loft story », ou la « spiritualité pour les Nuls".

Un roman navrant, qui hésite entre humour et réflexion en passant, à mon avis, complètement à coté de l'un comme de l'autre.
Le New Age sans ironie 4 étoiles

L'écriture de Katarina Mazetti, piquante et moderne à souhait, suggère beaucoup d'humour et de second degré. Dès les premières pages, elle joue des tendances actuelles envers le New Age, ce courant qui remet au goût du jour les passions des hippies, bobos, et autres marginaux : médecines alternatives (qui n'ont finalement pas grand chose d'alternatif étant donné leur réitération), activités spirituelles (lire, c'est spirituel ? et manger, et bricoler ?), écologie (acheter des produits très sophistiqués et pas indispensables à petit contenant, mais dont le contenant est recyclable). On s'attend donc à une satire sans concession de notre société "consumériste" et "périclitante".

C'est tout du moins la vision qu'ont nos protagonistes de leur propre vie et de celle de leur concitoyens. Ils se réunissent dans un coin reculé d'un pays nordique pour tenter de trouver des réponses à des éternelles questions métaphysiques. Et nous suivons donc le déroulement de ce camp à travers le regard d'une sceptique qui y trouvera finalement son bonheur, et d'une névrosée perdue qui elle aussi sera ravie.

Katarina - l'auteur du célèbre Mec de la tombe d'à côté - ne se complique pas la vie en pompant à droite à gauche des discours surfaits dignes des plus grands créationnistes qui remplissent la moitié du livre. Pour le reste, il s'agit de passages distrayants (c'est déjà ça).

Finalement, on s'attendait à beaucoup mieux qu'à une happy end qui réconcilie tout le monde ; gourous et gentils. Pour ne pas fâcher les lecteurs qui se seraient reconnus dans les propos psychédéliques des protagonistes ou pour se conformer dans la masse ? Les deux!

Elya - Savoie - 34 ans - 21 octobre 2012