La marée purulente
de Daniel Walther

critiqué par Kalie, le 6 juillet 2012
(Sarthe - 54 ans)


La note:  étoiles
Corrosif
« La marée purulente » est l’unique roman de l’auteur français Daniel Walther (bien connu des amateurs de SF) dans la collection Gore. A l’époque, il s’essayait au genre tout comme Georges-Jean Arnaud, Jean-Pierre Andrevon, Pierre Pelot et quelques autres.

Waloo-Waloo est une île perdue du Pacifique sur laquelle vivent des lépreux et deux blancs en mission humanitaire, le docteur Warren Paulson et la belle Marietta, son infirmière. Suite à une dispute avec le médecin et par provocation, cette dernière s’exhibe nue devant les lépreux. L’étrange comportement de Marietta coïncide avec de curieuses turpitudes atmosphériques. En effet, les communications entre les différentes îles de l’archipel mélanésien sont devenues pratiquement impossibles. Une vedette de l’armée accoste sur l’île pour évacuer Warren et Marietta. Le médecin refuse car il ne veut pas abandonner son personnel canaque et ses malades. Quelle est la nature de la menace ? L’un des lépreux parle à une ancienne idole, l’Esprit des Eaux. C’est alors que l’entité, à l’odeur de sel, d’iode et de varech, viole et féconde Marietta. Un flot d’atrocités déferle d’abord sur Waloo-Waloo puis sur la ville. Une lèpre d’un genre nouveau désagrège les corps, châtre les organes génitaux, rend les malades fous furieux…

Daniel Walther, livre là un récit au climat malsain et obsessionnel, intelligent dans sa construction pour un roman de ce genre. C’est peut-être son unique et tout relatif défaut. Par moments, j’ai trouvé l’écriture un peu trop sophistiquée avec ses nombreuses métaphores, ses phrases parfois compliquées, très longues qui alourdissent le récit : « Quant au ciel, il ressemblait à un formidable camaïeu entrecoupé de concrétions déliquescentes, figées dans un écoulement d’indigo frangé de bavures sanglantes, partiellement recouvertes des longs glissements des chabraques dorées dont reluisait le soleil enfoui dans une muqueuse d’encre violette ». Curieusement, cela n’empêche pas l’auteur d’utiliser un vocabulaire très cru dans ses passages gore (à la limite de l’insoutenable) et sexuels (avec une fixation ici pour les sécrétions vaginales).

Voilà donc un roman qui allie efficacement qualité littéraire, gore et sexe. Bien évidemment, il est absolument déconseillé aux âmes sensibles.