Au plafond
de Éric Chevillard

critiqué par Rotko, le 24 octobre 2002
(Avrillé - 50 ans)


La note:  étoiles
Un nouveau Magritte : l'homme à la chaise retournée sur la tête !
Se promener avec une chaise retournée sur la tête, décider de vivre au plafond d'un appartement bourgeois en se moquant des bipèdes collés au plancher, relève de la fantaisie, de la cocasserie, du délire ! ainsi le lecteur est-il amené à voir le monde à l'envers, en poète un peu farfelu. Mais derrière la fantaisie, on peut aussi subodorer la parabole de l'écrivain qui, refusant d'être un de ces "assis" qui irritaient Rimbaud, vit à la fois le bonheur et le malheur d'être un coucou dans le nid social. N'était le ton désinvolte et malicieux, on se rappellerait Baudelaire et son poète, maudit par sa compagne et par sa mère...
Ceci dit, les morceaux de bravoure humoristique ne manquent pas : l'éloge du paresseux, (un animal, dit-on), les pastiches (un sandwich parfait, à la sauce Robbe Grillet), et les avertissements à qui se prendrait pour un maître à penser...
La chaise, cet instrument essentiel, peut mener à la docilité, dans les écoles et les églises, elle est aussi le lieu de travail de l'écrivain qui fait tout passer par ses hémisphères, dût son entourage le traiter d'idéaliste impénitent, ou de parasite ..
On comparera ce livre à un mille-feuilles, à déguster à petites gorgées, en respectant les superpositions.
Cul par dessus tête. 8 étoiles

Après coup, j'aurais dû sortir ma panoplie de Batman du placard, et la teindre en vert histoire d'égayer le tableau. Ainsi vêtu, mi homme mi chiroptère, je n'aurais pas dépareillé auprès de ces gai-lurons. Planqué au plafond, entouré de l'homme grue, de la femme éternellement enceinte, l'homme à tête de chaise et les autres. Au début on se dit tiens, l'auteur a une araignée au plafond pour nous conter cette histoires burlesque. Imaginons un homme avec une chaise sur la tête en permanence qui déambule auprès de ses concitoyens éberlués par la chose. Et puis on s'attache au protagoniste, on le suit dans ses divagations, dans ses rencontres et toutes les anecdotes que lui fait vivre sa singularité. Et tout prend corps, on se régale des situations qu'engendre le fait de vivre au plafond. Voilà je n'en dirai pas plus. A la lecture, j'ai effectivement pensé à du Magritte, mais aussi à Desproges, à un carnaval onirique avec des personnages à la Jeunet. Jusqu'au moment où une main est descendue du plafond pendant la lecture et m'a décidé moi aussi à vivre cul par dessus tête.
Pour compléter la lecture et cerner l'univers de l'auteur, un détour par son blog est vivement recommandé.

Hexagone - - 53 ans - 21 janvier 2009


L'homme qui marchait au plafond 9 étoiles

En lisant ta critique, j'ai cru un instant que tu nous parlais de "l'homme qui marchait au plafond", un livre que j'ai prêté un jour et qu'on ne m'a jamais rendu.. Je viens de retrouver l'auteur sur "chapitre-com", c'est Pavel Kohout, un Tchèque.
A l'époque de sa lecture, ce livre m'avait marquée. Le héros en était un homme qui avait définitivement décidé de marcher au plafond pour faire de la résistance contre le régime en place dans son pays, la Tchécoslovaquie. En agissant de cette façon, il remettait en cause le principe d'Archimède (selon lui, ce principe était associé au régime en place) L'histoire était effectivement très drôle avec tous ces responsables d'institutions venus examiner le phénomène... Utiliser l'ironie, l'humour, voilà ce que les écrivains avaient trouvé pour stigmatiser le régime.
Sous ce couvert humoristique, le livre avait pu paraître sans encombres..

Darius - Bruxelles - - ans - 25 octobre 2002