Les aventures d'Arthur Gordon Pym
de Edgar Allan Poe

critiqué par Martin1, le 25 juin 2012
(Chavagnes-en-Paillers (Vendée) - - ans)


La note:  étoiles
Une formidable supercherie
J'ai été très surpris de voir qu'il n'y avait pas une seule critique sur l'unique roman achevé d'Edgar Poe, traduit en français par le poète C. Baudelaire. Alors je vais accepter cette tâche, moi, qui n'ai lu aucun Poe hormis celui-là.

Par où commencer ? Voyons... The Narrative of Arthur Gordon Pym of Nantucket raconte l'histoire d'un tout jeune navigateur dont le nom est, vous l'aurez deviné, Arthur Gordon Pym ; en 1827, il s'embarque sur le Grampus clandestinement et s'éclipse dans la cale d'arrière, où un ami lui a aménagé une cachette. Le voyage se passe, A.G.P s'ennuie, tombe malade, ne distingue plus jour ni nuit. Il attendait de se montrer lorsque le navire ne pourrait plus faire marche arrière. Mais un jour, son ami lui fait parvenir un message : "Restez caché, votre vie en dépend."
A partir de cet instant, Poe paralyse le lecteur, on est terrifié par les aventures, par l'avenir probable de ce jeune homme qui échappera à un massacre et subira un jeûne de plusieurs semaines avec 3 compagnons. Il devra y réchapper car de nombreuses aventures périlleuses l'attendent encore.

J'ai lu ce livre comme j'ai lu beaucoup d'autres livres ces derniers-temps. Je l'ai pris, ouvert, lu, refermé, et j'en ai pris un autre. C'est en écrivant cette critique que je me rends compte à quel point son souvenir m'a marqué. Avec Pym, J'ai connu tour à tour ennui, maladie, peur, passion, compassion, incompréhension.

Mais je ne veux pas créer de malentendus. Oui, en lirant AGP, vous vous ennuierez à certains moments. Au tout début, peut-être, mais surtout durant le dernier quart. Vous ne comprendrez pas tout, la fin vous laissera coi parce que ce n'est pas une fin.

Ce roman aboutit sur le mystère, le néant, il aboutit sur les confins de la Terre, et l'on ne sait s'il présage un voyage sans-retour ou un éternel recommencement. Oui, le destin d'Arthur Gordon Pym, sa disparition en mer, reste pour nous une énigme.

E. A. Poe a tenté de faire passer ce livre pour un authentique journal de bord vécu par un Arthur Gordon Pym en chair et en os. Poe pensait faire passer Pym pour quelqu'un de désespéré qui savait que personne ne croirait son histoire et qui le suppliait de le publier et le faire passer pour une fiction. Cette supercherie a fonctionné quelque temps, mais les critiques ne tardèrent pas à fuser et à remettre en cause cet élément.

Les Aventures d'AGP ont été beaucoup appréciées par le public anglais mais glacialement accueillis par les Américains qui lui reprochent son invraisemblance (Poe croit trouver une faune et une flore dans la région désertique de l'Antarctique) et sa complaisance dans l'horreur. Par la suite, Poe en parle comme "un roman très stupide", et n'écrira plus d'autres romans.

Oui, c'est vrai c'est un roman très triste, invraisemblable, parfois incohérent mais empêchez-le, je vous en prie, de sombrer dans l'oubli.
Le roman méconnu d'Edgar Allan Poe 8 étoiles

Livre classé récit d'aventures .
On navigue sur les mers avec Edgar Allan Poe.
La mutinerie, la faim et la soif ainsi que la survie sont de rigueur á bord du navire qui parcourt les mers.
La rencontre d'Arthur Gordon Pym avec un autre peuple qu'il qualifiera de sauvage est intense.
On retrouve Edgar Allan Poe dans le registre d'écrivains tels que Defoe ou bien Stevenson.
Cependant, il est difficile de ne pas perdre le lecteur lorsque l'auteur évoque bien trop les latitudes et les longitudes.
Roman établi comme un journal où Arthur Gordon Pym décrit son aventure et ses mésaventures.

Jordanévie - - 49 ans - 14 novembre 2023


aventures de gordon pym 6 étoiles

Voici un livre qui n'est pas très connu, je pense que c'est le plus long texte écrit par Poe. Les trois quarts de ce livre sont un roman de marins classique, (genre île au trésor avec ses révoltes de matelots, ses tempêtes et ses naufrages).
Toutefois la dernière partie de ce livre est très étonnante à la fois proche de Lovecraft et d’Hypérion. Nous allons au pôle nord faire la connaissance d'un peuple aussi ancien que dégénéré dont le comportement ressemble un peu à celui des bikuras (pour les lecteurs d’Hypérion).
Ce livre se situe véritablement à la limite du fantastique et de la science fiction
Ayant lu presque la totalité de Poe, je peux dire qu'il fut autant un grand auteur de nouvelles qu'un mauvais romancier (la trame y est à mon avis trop peu cohérente).

Capt everton - - 37 ans - 13 mars 2014


Tout le sadisme de Poe dans un roman d'aventures 9 étoiles

Arthur Gordon Pym est le fils d'un négociant prospère de Nantucket, une île de l'État du Massachusetts. C'est son meilleur ami, Auguste Barnard, qui lui donne le goût de l'aventure en lui racontant ses périples sur mer. Et il fait si bien qu'Arthur décide de désobéir à ses parents en s'embarquant clandestinement sur l'Ariel, vaisseau du capitaine Barnard père. Nous sommes en juin 1827. Ainsi commence pour les deux jeunes gens une odyssée riche en péripéties ... toutes plus horribles les unes que les autres.

Arthur sera tour à tour prisonnier dans la cale d’un navire révolté, naufragé en pleine mer, menacé par une tribu sanguinaire et enseveli dans une montagne de l’Antarctique, avant d’atteindre le pôle où il découvre un mystère innommable. Ames sensibles s’abstenir, car le roman est jonché de scènes véritablement atroces. Quoi d'étonnant de la part de Poe? Ceux qui ont lu "Le chat noir", "Le puits et le pendule" ou d'autres nouvelles dans le même goût seront certainement préparés au pire. Quant à notre roman, on y assiste à une boucherie par les mutins de l’Ariel, à un festin cannibale, ainsi qu'à l’apparition d’un navire fantôme dont les passagers pourrissent sur pied. Lorsque la faim et la soif menacent le héros, Poe s’étend sur ses souffrances avec une sorte de sadisme, en décrivant toutes les étapes de la déchéance physique. On y retrouve aussi un thème récurrent de l’auteur: l’ensevelissement prématuré. A deux reprises – dans la cale de l’Ariel puis dans les collines de Tsalal -, Arthur est confronté à ce cauchemar :
« Je crois fermement, raconte-t-il, qu'aucun des accidents dont peut être semée l'existence humaine n'est plus propre à créer le paroxysme de la douleur physique et morale qu'un cas comme le nôtre : - Être enterrés vivants ! »

Pour donner plus d’authenticité à son récit, Poe affirme dans la préface qu’il s’agit des souvenirs réels d’Arthur Gordon Pym. Celui-ci serait un voyageur revenu depuis peu du pôle Sud, région qui à l’époque de Poe (1838) était encore mal connue. Si la relation est inachevée, c’est que, d’après l’auteur, Pym serait mort mystérieusement avant d’avoir mené à bien son œuvre. Et voilà que le roman s’interrompt à un point crucial ! Ce mystère, qui combine des hiéroglyphes gravés dans la montagne et une apparition blanche, donnera lieu à de nombreuses interprétations, y compris psychanalytiques.

Au final, c’est un roman plutôt déroutant, mais qui suscite un intérêt constant au fil des pages. Difficile de l'oublier par la suite! Les deux premiers tiers du livre en font un roman d’aventures, parsemé de cruautés physiques et psychologiques, mais ô combien riche en suspense ! Dommage que la dernière partie, avec ses descriptions fantasmagoriques du pôle, s’oriente plutôt vers la science-fiction. J’ai trouvé la fin un peu décevante. Pourtant on ne peut qu’être admiratif face à l’imagination horrifique de Poe et à la qualité de son écriture. A lire absolument.

Pierrequiroule - Paris - 43 ans - 17 août 2013