Prothèse
de Andreu Martín

critiqué par CC.RIDER, le 19 juin 2012
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Un polar bien noir...
Miguel Vargas est un petit truand qui sort de sept années de cabane avec une idée obsessionnelle : faire payer ce que lui a fait subir l'inspecteur Gallego. En effet, lors d'un interrogatoire qui a mal tourné, le flic s'est acharné sur lui et lui a complètement démoli la mâchoire à grand coups de crosse alors qu'il n'avait pas vingt ans. Depuis ce temps, il porte un dentier qui lui donne un sourire de mort et un air de cadavre quand il l'ôte. Mais la vengeance est un plat qui se mange froid et nécessite une longue et minutieuse préparation sans garantie de réussite certaine.
Ce roman policier relève du genre « roman noir » le plus sombre possible et l'auteur catalan fait évoluer ses personnages dans un Barcelone particulièrement sordide qui n'a rien à envier aux pires bas-fonds de Chicago ou d'ailleurs. Le monde de la prostitution, de la drogue et du grand banditisme ici sont sans issue ni espoir ni rédemption d'aucune sorte. Et cette histoire des plus dramatiques va crescendo jusqu'à un dénouement particulièrement gore (à déconseiller d'ailleurs aux âmes sensibles...) Que dire du style de Andreu Martin, écrivain catalan, sinon qu'il est parfaitement adapté à l'ambiance glauque du bouquin avec en prime une certaine étrangeté : de temps en temps, l'auteur se met à parler à ses personnages en les tutoyant avant de repasser à la troisième personne du singulier comme si, pris de pitié ou de compassion pour les malheureux pantins dont il tire les ficelles, il voulait parfois abandonner sa position de Pygmalion pour prendre celle de confident ou d'ami proche. Malgré ces petites poussées de schizophrénie, un sacrément rude polar quand même...