Antigone - Les Mariés de la Tour Eiffel
de Jean Cocteau

critiqué par Pucksimberg, le 13 juin 2012
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
A lire surtout pour "Les mariés de la Tour Eiffel"
« Antigone » est une pièce très courte dans laquelle Cocteau revisite respectueusement le mythe immortalisé par Sophocle. Comme il l’explique il a voulu synthétiser le dialogue en une quarantaine de pages tel un oiseau qui regarde cette histoire d’en haut. Il n’en garde que l’essentiel ou bien fait émerger des détails que l’on avait oubliés.

Antigone et Ismène sont les survivantes tragiques de leur lignée. Elle traîne une lourde hérédité avec Œdipe. Leurs propres frères se sont entretués. Créon refuse que l’on enterre l’un des frères des deux jeunes filles parce qu’il est un traître. Pour Antigone, il est avant tout un frère. La suite vous la connaissez.

L’histoire est respectée, la tension est égale à celle de la pièce originelle, les personnages ne perdent pas en finesse, même si l’on a tout de même l’impression parfois de lire la pièce en accéléré. ( 3/5 )




« Les mariés de la Tour Eiffel » est une œuvre déconcertante. On hésite entre le canular surréaliste et le chef-d’œuvre. Cette pièce est très courte et complètement hallucinante. J’imagine la chance que cela représente pour un metteur en scène d’avoir à travailler une telle œuvre. Quelles libertés !

Au premier étage de la Tour Eiffel, une noce bourgeoise est organisée. De nombreux personnages traversent la scène sans parler. Seuls deux phonographes narrent les actions et les propos des individus tels deux narrateurs. L’univers qui naît sous nos yeux est complètement déjanté, poétique et plein de vie. Quand le photographe prévient les invités que le petit oiseau va sortir c’est en réalité une autruche qui va parcourir la scène ! Sur le plateau de la Tour Eiffel, l’on perçoit des mirages : un lion d’Afrique, un cycliste sur la route du Chatou …

Les dialogues sont souvent décousus, mais l’intérêt de la pièce repose sur cette réalité qui bascule à cause de l’imagination effervescente de Cocteau. Les appareils photos démesurés présents sur la scène capturent la réalité pour mieux la déformer. Dans sa préface, l’auteur évoque le caractère absurde de certains passages. Nous sommes pourtant bien loin de Ionesco, mais plus proche des auteurs surréalistes. Un voyage agréable à condition d’accepter de se laisser porter par le flot des mots sans freiner ! ( 4/5 )