Murmures d'eaux
de Marie-Claude Gagnon

critiqué par Libris québécis, le 12 juin 2012
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Les Parfums de l'amour
Les parfums ont une âme. Ils ne s’opposent pas, comme dans l’œuvre de Patrick Süskind, selon la spatialité. Les odeurs agressives pour la ville et les embaumantes pour la campagne. La parfumerie est une entremetteuse qui conduit au cœur de l’autre.

Irène cherche la formule d’un parfum qui convient à chacun pour atteindre son objectif. Le désir se promeut à travers une science que Jean-Baptiste Grenouille a voulu mettre au point pour se rendre irrésistible. Après une liaison saphique, la parfumeuse mène à bout l’expérience de l’ensorcellement d’un homme par ses produits.

L’ensorcelé emprunte différents rôles fantasmatiques pour se révéler à l’être adorée. La relation qui s’établit entre l’héroïne et son prétendant répond à la courtoisie d’un autre âge, voire du nouvel âge. C’est avec une délicatesse naturelle, qui peut en lasser plus d’un, que les cœurs s’atteignent. On ne crie pas son amour, on le murmure. Comme l’indique l’enseigne du commerce d’Irène, Murmures d’eaux est une parfumerie haut de gamme, qui se distingue des essences prononcées des marques bon marché. À l’instar des grands crus, elle cherche les odeurs subtiles du bois de chêne et des sous-bois qui enivrent les disciples de Cupidon.

Le roman enseigne les préliminaires amoureux, riches en stratégies raffinées pour que la volupté s’exprime avec grâce et sans pudibonderie. Roman pour âmes tendres en quête d’un parfum capiteux.